Il y a certains films dont il vaut mieux partager la nationalité pour en saisir toutes les nuances: Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu, Bienvenue chez les Ch'tis, Ochos appellidos Vascos, Benvenuti al Sud, etc... en sont des exemples. Or, n'étant pas Russe et ne connaissant pas assez leur culture (n'y ayant jamais habité et n'ayant jamais eu de relations durables avec eux), j'avoue que je partais déjà avec un sacré handicap, car Afonya reprend beaucoup de clichés du type russe lambda.
De clichés, de raccourcis, de simplicités il est question, comme pouvait l'être le cinéma français populaire de Fernandel, Louis de Funès ou des nouvelles générations de comiques comédiens. Or, ce type de cinéma français ne m'a jamais vraiment plu – pas même enfant.
Afonya a cependant dû faire rire une génération de Soviétiques, au vu du nombre de spectateurs en 1975 : 62 millions. Personnage de loser invétéré, habitant un logement social, préférant la vodka à sa femme, aux mauvaises habitudes de mauvais fonctionnaire, dont l'ami philosophe de comptoir vient squatter l'appartement et la baignoire crasseuse, incarnant à lui tout seul tous les défauts accumulés d'une société, il sert de catharsis à un peuple qui se voit dans ce miroir grossissant en riant.
Le film est formellement mal tenu – prise de son assez horrible, scénario bâclé, humour rarement efficace, scènes absurdes et trop stéréotypées – et repose essentiellement sur l'acteur principal Leonid Kouravliov, qui est loin d'être aussi bon que Totò. En outre, l'intérêt sociologique se trouve assez réduit en raison des poncifs déroulés, si bien qu'en faire une comédie sociale à l'italienne de qualité représente une grave méprise à mes yeux.
Bref, au risque de déplaire à certains, un incomestible navet flottant dans une grossière soupe.
3,5/10