Scorsese s'amusait et virevoltait dans ce film a priori plus léger, plus distrayant que ses réalisations précédentes : cependant, derrière une critique contemporaine amusante (pour résumer, disons que sur l'échiquier de la vie, l'informaticien de l'Amérique reaganniene, roi nu dans l'impossibilité d'assouvir ses fantasmes sexuels, est mis échec et mat, et rangé dans sa boite au petit matin...), on devine les spectres inquiétants de la folie paranoïaque souvent à l'oeuvre chez lui. Vision cruelle d'un monde nocturne où, entre la lumière rougeoyante des néons et les brumes glauques des bouches d'égout, des êtres dérivent, poursuivant leurs chimères, affrontant l'enfer de leurs obsessions, "After Hours" est peut-être Le Film indépassable sur la paranoïa, parfaitement construit par le maître Scorsese, entre rires et horreur. [Critique écrite en 1986 et 1994]