Sorti en catimini au cinéma, After.Life est déjà sorti depuis 2009 outre-Atlantique, un état des faits surprenants. Pourquoi privilégier les salles obscures au petit écran ? Peut-être grâce à la présence de Liam Neeson épaulé ici par Justin Long et Christina Ricci. Les voies du marketing étant impénétrables, intéressons-nous plutôt au film.
Liam Neeson y campe un croque-mort dans la pure lignée des frères Fisher de la série culte (oui, je la cite encore une fois mais désolé, dès que ça parle de croque-monsieur, pardon de croque-mort, impossible de ne pas penser nostalgiquement à Six Feet Under). Personnage inquiétant, vivant seul dans un petit manoir où aimerait bien habiter Tim Burton, le gars qui butait des loups hérite d’un nouveau cadavre, la somptueuse Christina Ricci (les fans pourront voir pas mal ses nichons) et débute avec elle un échange (il a le don de voir les gens morts, serait-ce Haley Joel Osment adulte?) ayant pour sujet la vie après la mort.
Pourtant, le film abandonne vite la réflexion métaphysique pour se concentrer sur le thriller en jouant sur une ambiguïté à propos de l’état de Christina Ricci. Est-elle vraiment morte ? Bon sans vraiment spoiler, il est dommage que le jeu d’acteur de Liam Neeson donne trop tôt les indices quant au dénouement final. Du coup, on assiste sans trop d’intérêt à la suite des évènements trop vite désamorcées, la fin prévisible finit par achever le tout. De plus, la réalisatrice a visé trop grand pour son premier long-métrage en voulant jouer avec le spectateur. Elle finit par l’aiguiller à l’aide de plans trop appuyés reniant l’intelligence du spectateur. Le Sixième Sens reste encore à ce jour un modèle du genre par sa capacité justement à ne rien laisser deviner au premier abord pourtant le deuxième visionnage rend les choses limpides, un véritable bijou toujours inégalé.
Toutefois, Liam Neeson intrigue en campant un croque-mort un brin maniéré et toujours impassible quel que soit l’évènement. De l’autre côté, Christina Ricci fait plaisir même si son personnage se révèle assez creux comme celui de Justin Long. Comme quoi même des acteurs talentueux ne peuvent rien faire si le scénario n’est pas suffisamment étoffé. D’ailleurs, on peut se demander ce qui a bien pu les convaincre de participer à ce projet tant les évènements s’enchainent avec une certaine platitude finissant par désintéresser le spectateur. Les répliques sont aussi bien loin d’intéresser.
L’ambiance peut faire illusion quelques instants avant de finir par rebuter par trop d’outrances principalement en ce qui concerne les plans pseudo-horrifiques échouant presque systématiquement dans leurs tentatives d’effrayer car justement trop souvent répétés (c’est même un des signes qui permet de deviner la résolution du mystère), on finit par deviner qu’il s’agit de simples rêves.
Dommage car il y avait de quoi faire surtout avec cette mamie très flippante qui se recoiffe (le genre de plans à vous empêcher de dormir pendant une semaine si vous aviez dix ans). Il est dommage de deviner trop tôt le dénouement sans même avoir vu une seule bande annonce… signe d’une maîtrise ratée.
Allez si, il y a bien un échange méta-physique mais c’est digne de celle du PMU du coin, il devient donc difficile de ne pas être mort de rire surtout en voyant la conviction de Liam Neeson.
D’ailleurs comme un signe de sa mauvaise qualité, le film a subi de nombreux changements au niveau du casting. Kate Bosworth devait interpréter la morte (on a même un poster teaser avec elle, visible à la fin de l’article) avant de se désister à la dernière minute (pas folle) et Alfred Molina devait incarner le croque-mort.