En attendant sa version des Chevaliers de la Table Ronde (repoussé en février 2017) et un hypothétique Sherlock Holmes 3 (vu le dénouement du précédent opus, on y échappera pas), le réalisateur britannique Guy Ritchie décide de faire un petit arrêt dans le domaine de la comédie d’espionnage en adaptant la série TV Des agents très spéciaux (1964-1968). Pari hautement risqué, étant donné que cette dernière n’est pas restée dans les mémoires (du moins pour les générations récentes) et que le film est sorti en 2015, année déjà riche en divertissement du même style (Kingsman et Spy, sans compter Mission : Impossible 5 et Spectre dans des registres plus sérieux). Difficile de se démarquer du reste, n’est-ce pas ? Alors, ce film a-t-il réussi son coup ?
Pour être honnête d’entrée de jeu, Agents très spéciaux – Code U.N.C.L.E. constitue un agréable divertissement, sans prise de tête et assez bien mené dans l’ensemble. En effet, nous avons tout ce qu’il nous faut pour passer un agréable moment : des personnages hauts en couleurs, des comédiens sympathiques (bien qu’ils n’aient pas la carrure de têtes d’affiche, même Henry Cavill), des séquences d’action mouvementées, une bonne dose d’humour et surtout une ambiance 60’s aguicheuse qui confère à ce film tout son charme (merci à la photographie, aux costumes, décors, accessoires et musiques). Même les effets numériques, bien que moyens à première vue, permettent de donner du cachet à cette atmosphère d’une autre époque. Non, franchement, il n’y a pas grand-chose à rajouter en ce qui concerne les qualités d’Agents très spéciaux, si ce n’est qu’ils parviennent à faire oublier quelques carences comme un scénario minimaliste qui ne sort nullement de l’ordinaire.
À noter également les conventions hollywoodiennes question mise en scène et scénario que Guy Ritchie arrive ici à éviter. Tel un dénouement qui ne se termine pas sur une spectaculaire séquence explosive à la Michael Bay. Des scènes d’action filmées au plus près des personnages afin de donner pour certaines d’entre elles un aspect comique (celle où Napoleon se « repose » au volant d’un camion). Ou encore des effets de montages (musique détonante, carton narratif s’affichant en plein écran…) offrant à l’ensemble un petit côté rigolo. De ce fait, on se retrouve avec un blockbuster certes classique dans la forme, mais qui tente de se défaire de ses congénères et de la monotonie qu’ils instaurent de plus en plus dans les salles de cinéma. Car oui, on le dit assez mais c’est toujours bon de le rappeler : les grosses productions hollywoodiennes n’ont plus rien à nous mettre sous la dent, si ce n’est nous resservir toujours les mêmes choses de film en film. Et avoir un long-métrage tel qu’Agents très spéciaux fait du bien !
Après, il est fort dommage que le film souffre de certains défauts qui l’empêchent de se hisser à la hauteur des autres comédies d’espionnage de 2015. Notamment ce côté humoristique qui, finalement, ne transparaît pas tant que cela. Et pour cause, hormis le statut de buddy movie de l’ensemble (un Américain et un Russe devant faire équipe en pleine Guerre Froide) qui apporte de l’énergie, le tout manque de folie et de panache, il faut bien le dire. Surtout venant de la part du réalisateur de Snatch qui a su dépoussiérer de bien belle manière le détective de Baker Street. À côté des ces autres œuvres, Agents très spéciaux fait un peu pâle figure de ce point de vue-là, pouvant pour le coup se montrer un chouïa ennuyeux par moment et ne pas se présenter aussi divertissant que Kingsman (à l’heure où j’écris cette critique, je n’ai toujours pas vu Spy).
Sans être une réussite faute de réelle énergie qui aurait pu lui sauvé la mise, Agents très spéciaux s’en sort néanmoins en étant un spectacle emballant et fort sympathique qui parvient à tenir le spectateur en haleine le temps de son visionnage. C’est déjà ça, non ? Et même si Guy Ritchie peut en quelque sorte décevoir avec ce long-métrage, nous ne doutons pas une seule seconde que le bonhomme saura se ressaisir pleinement. Surtout pour son prochain projet (Les Chevaliers de la Table Ronde) qui, sur le papier et vu la filmographie du cinéaste, promet d’être un divertissement digne de ce nom.