Aguirre est un film vraiment particulier. Sous ses airs de film amateur, il nous transporte au coeur de la folie humaine et se révèle au final être un film particulièrement fou. J'y ai trouvé un petit côté dérangeant, l'ambiance qui règne autour de ces personnages semble assez malsaine, ce dur voyage vers l'endroit utopique qu'est l'El Dorado a des allures de cauchemar où l'homme ne maîtrise rien, se retrouve victime d'une nature destructrice, est dirigé par sa propre folie et où la mort frappe sans prévenir. L'ennemi est invisible, et il habite chaque être participant à ce voyage totalement illusoire. En réalité j'ai été assez dérouté par ce film, j'avais déjà vu Fitzcarraldo auparavant du même réalisateur mais ce dernier avait des allures plus "sages" et était plus posé. On reconnait la patte du réalisateur, et Herzog s'est fortement appuyé sur Aguirre pour réaliser Fitcarraldo qui pourrait être presque une suite tant les thématiques sont reliées et tant le décor reste le même. C'est ce côté déroutant qui ne m'a peut-être pas fait apprécié pleinement le film, à vrai dire je l'ai compris après une bonne heure.
Herzog a réalisé une sacrée prouesse en tout cas, et il doit être intéressant de s'attarder sur les coulisses d'un tournage qui semblait apocalyptique, ça se sentait rien qu'en voyant le film. Certaines scènes m'ont marqué, je pense au passage où Aguirre s'exprime en se considérant comme "la colère de Dieu" en regardant droit la caméra (Formidable Kinski au passage!) et surtout la scène finale, quelle scène, quelle puissance... J'ai réellement passé un grand moment devant ce film et je le regarderais volontiers de nouveau pour pouvoir percevoir un peu plus son sens, pour me sentir gagné par cette ambiance cauchemardesque. Un choix de réalisation inspiré, des acteurs grandioses, une BO remarquable et utilisée brillamment. J'aurais eu quelques moments de flottement mais en tout cas je reconnais que Aguirre, der Zorn Gottes est un film puissant, unique et dérangeant. Une bonne surprise pour ma part, je ne m'attendais pas à aimer autant