La Présentation
Aguirre, la colère de Dieu est un film de Werner Herzog sorti en 1972 issu du mouvement du nouveau cinéma Allemand avec Klaus Kinski dans le rôle principal.
Le film se déroule au XVIe siècle, où nous suivrons une expédition espagnole menée par Gonzalo Pizarro et ses hommes partant à la recherche d'Eldorado.
Lope de Aguirre, son second, s'oppose cependant à son autorité, en effet, il ira très vite jusqu'à mener une mutinerie contre lui et impose le sacre d'un autre noble du groupe, Fernando de Guzmàn comme Empereur d'Eldorado, en n'oubliant pas bien sûr de tuer les partisans de Pizarro !
Mais c'est là que les ennuis commenceront, car l'expédition sera obligée de voyager par bateau pour éviter les pièges des indigènes tout en affrontant les torrents du fleuve Amazone, alors que les attaques contre eux se multiplient !
L'Apocalypse d'un metteur en scène
Comme vous pouvez le constater l'intrigue ressemble un peu à Apocalypse Now, car ce film l'a inspiré, en plus d'avoir tous deux eu un tournage particulièrement compliqué pour des raisons tout à fait différentes du fait qu'Apocalypse Now avait trop d'argent et qu'Aguirre n'en avait quasiment pas du tout ...
Heureusement, il avait tout de même assez pour des armures réalistes, même si Werner Herzog a dû voler une caméra 35 mm à l'école de cinéma de Munich pour pouvoir filmer son film !
Par contre, Herzog et Kinski ne cesseront pas de s'engueuler jusqu'au jour où Kinski menace de quitter le plateau et qu'Herzog menaça Kinski de le cribler de balles s'il ne se montrait pas plus coopératif !
Ce à quoi Kinski hurlera " Police !!! " avant de finalement se montrer plus coopératif … mais le fera payer à Herzog lors de la post-production où il refusera à moins d'un cachet des plus élevés, de se doubler en allemand, car le film a été tourné au départ en anglais pour faciliter son exportation.
La Réalisation
Herzog dans ce film prend le parti pris d'un cinéma imitant la vie, ou cinéma-vérité, en partant dans la même folie aventureuse que son personnage en avançant en tâtonnant le tournage de son film au grand désespoir de son équipe qui se retrouve perdue au milieu de la jungle apportant une vision assez romantique.
Comme dans Apocalypse Now, certains événements peuvent nous paraître assez étranges au début, car étant donné que le film a été en grande partie improvisé, bien qu'Herzog sût à peu près où il voulait aller, on peut voir qu'à certains moments, ce ne sont pas tant les personnages qui réagissent que les acteurs qui n'étaient pas du tout au courant de la suite ... et autant pour certains films, ça ne marche pas du tout, pour ce genre de film explorant la psyché et le décalage entre réalité et fiction, cela fonctionne parfaitement, car c'est justement en faisant en sorte d'apporter une frontière étroite lors du tournage entre la fiction et la réalité (où malgré le monde dur et cruel, Aguirre veut défier les lois de la nature, pour créer son royaume parfait symbolisé par Eldorado) qu'on tire par la spontanéité des acteurs, des séquences exceptionnelles !
En plus, malgré le budget très serré du film, il y a une scène qui m'a épaté, elle se passe durant une conversation du prêtre qui dit qu'un bateau est suspendu dans un arbre, et là où je pensais qu'Herzog ne pourrait pas le montrer à cause de son budget serré … mais finalement, on peut voir un bateau du XVIe siècle coincé dans un arbre, l'équipe l'a tiré jusque-là !
Les Acteurs
En parlant des acteurs, il faut absolument parler de Klaus Kinski qui crève l'écran, il a une incroyable présence, incarnant à la perfection ce conquérant aussi imposant et inquiétant que soucieux du bien-être de sa fille apportant de la nuance au personnage.
Sinon les autres acteurs font leur boulot, avec pour certains, certaines séquences cultes où ils n'étaient pas au courant de ce qui allait se passer !
La Musique
Elle est composée par Popol Vuh, un groupe Allemand, compositeur attitré de Werner Herzog, utilisant des synthétiseurs Moog donnant une ambiance très reconnaissable au film !
Les compositions de Popol Vuh, me rappellent un peu les musiques d'exploration de Skyrim avec un côté plus mystique.
Cependant, Werner Herzog fera le choix de ne pas beaucoup utiliser ces compositions pour renforcer l'isolement des personnages avec un danger omniprésent, car autant les adversaires d'Aguirre ne sont pas montrés, autant les bruits naturels et le silence qui sera vite de mort, met en avant la lourdeur et l'hostilité du décor pour les personnages qui seront au fur et à mesure dépassés …
Jusqu'à cette fin avec l'arrivée des singes sur le radeau qui montre que l'avidité des personnages c'est fait dépasser par la nature ... et un nouveau point pour Gaïa, un !
La Conclusion
Pour conclure, Aguirre, la colère de Dieu est un film qui sera parfait pour les fans d'Apocalypse Now ou les fans de cinéma les plus curieux !