Le curé et les jouvenceaux
Le premier plan montre un garçon simplet malmené par une bande de vauriens. Faut-il y voir la signification que la différence, physique, sexuelle ou autre, est toujours mise à l'index, rejetant le paria dans le silence et la honte ? Si oui, trouvons donc cette entrée en matière plutôt lourdaude. Par la suite, on aura la confirmation que la finesse ne parait pas être le trait de caractère principal de la réalisatrice, dont on peine par ailleurs à cerner les intentions. L'histoire de ce prêtre sans cesse muté au plus profond de la Pologne parce qu'il manifeste trop d'empressement auprès des jeunes garçons qu'il a en charge dans des sortes de camps de rééducation est-elle censée illustrer la difficulté à être différent, l'impossible séparation entre désir physique et foi ou encore l'approbation muette, hypocrite et, au final, complice des autorités ecclésiastiques ? Si tout nous porte d'abord à éprouver de la compassion pour cet homme tourmenté qui épuise dans des courses nocturnes à travers bois son énergie négative, le doute peu à peu s'insinue sur celui qui sème le trouble et la confusion quant à sa totale sincérité et à l'authenticité de sa souffrance. Dans cette région campagnarde, c'est l'été chaud, propice à tous les débordements et les excès. Le soin apporté à la photographie et à la lumière, même si on déplore l'utilisation intempestive des halos pour le coup très religieux, sauve l'ensemble du naufrage. A retenir cette belle et étrange séquence d'une poursuite sauvage dans les champs.