Tous les gens ont connu ce que cela fait d’attendre plus qu’impatiemment un film, dont l’attente a été copieusement entretenue par un pitch alléchant et deux têtes d’affiche absolument phénoménales. L’oscarisé Djimon Hounsou et l’inénarrable Norman Reedus, tous deux dans un thriller SF dystopique où ils incarnent des agents de maintenance censés surveiller les stases des personnes qui rebâtiront le monde, ainsi que faire les réparations en conséquence. Si de leurs deux cryotubes il n’en restait qu’un, que se passerait-il ?
Voilà ce que l’on a attendu, malheureusement si Air est extrêmement palpitant, ça n’est que sur le papier. Les choses commençaient pourtant bien, avec un plantage du décor correct (mais un poil trop académique), l’affrontement entre les deux personnages s’amorçait efficacement, la tension devenait presque palpable, mais si les trente premières minutes sont agréables, le reste patine affreusement. Pire encore, le métrage tire ses cartouches philosophiques dès le départ (Reedus nihiliste, Housnou humaniste), en plus de louper l’immense porte-ouverte qui aurait pu vriller les nerfs de l’audience. Ce qu’il faut comprendre, c’est que dans la station l’air est limité, mais surtout le décompte peut passer de une heure à dix minutes rien que par l’ouverture d’une porte, et inversement. Cela aurait pu transformer l’ensemble en un gigantesque casse-tête dans l’esprit de Cube, hélas malgré deux ou trois rebondissements et l’interprétation des deux acteurs il n’y a guère de quoi retenir très longtemps l’attention du spectateur, et encore moins d’éléments mémorables. Après Manhunt et Red Dead Redemption, le réalisateur et scénariste Christian Cantamessa fait donc des premiers pas laborieux au cinéma, en plus de très mal porter à l’écran le concept de suffocation emprunté à Deep Fear sorti en 98 sur Sega Saturn.
Air est une amère déception. Le face à face Hounsou/Reedus aurait pu être éclatant, or il n’a pas du tout été exploité, tout comme la trame de base, qui se transforme en thriller moribond.
Critique