Pas une critique
Une bonne introduction au récit, qui s'avère inutile pour elle-même. Score: 7/10 -1 comme stand-alone Plaisir: 4/5
Par
le 3 janv. 2020
Je ne sais plus trop par quel heureux hasard je suis tombé sur la fiche de ce long-métrage de 2010, résumant les six premiers épisodes d'une série animée de 1979 réalisée par le duo mythique Isao Takahata/Hayao Miyazaki, et elle-même tirée d'un roman canadien de 1908. En tout cas je remercie ici le membre de SC qui n'a dû que très récemment signaler son existence (seulement deux notes attribuées) et sans qui je n'aurais peut-être jamais connu ce petit bijou...
Fin du XIXème siècle, Anne Shirley arrive sur l'île du Prince Edward. Orpheline âgée de dix ans, on l'amène ici à une famille censée l'adopter. Ou plutôt à un frère et une soeur, Marilla et Matthieu Cuthbert, habitant la maison des Pignons Verts. Le problème, c'est que les quinquagénaires avaient demandé un garçon afin qu'il aide Matthieu à la ferme, mais l'information ne serait pas parvenue jusqu'à l'orphelinat. Le vieux garçon timide se rendant la chercher la conduira tout de même, et sans rien lui dire, jusqu'à chez eux pour la nuit, avant de pouvoir la reconduire le lendemain. Mais sur le chemin, il tombera sous le charme de cette fillette pleine de vie et particulièrement bavarde (au début on se dit qu'elle va nous saouler mais c'est le contraire qui se produira), réjouie à l'idée d'habiter une aussi belle île avec enfin une famille. Mais la vieille fille Cuthbert, plutôt cassante même si pas méchante, ne voudra pas en entendre parler davantage et campera sur ses positions utilitaristes...
Les débuts sont assez lents. Les silences autour de la contemplative petite rouquine - son grand complexe - attendant qu'on vienne la chercher, nous mettent tout de suite dans l'atmosphère d'un film au ton adulte. Mais une fois sur la route de ses espoirs fleuris, sa nature enjouée, philosophe, et surtout rêveuse, n'aura aucun mal à séduire. Une personnalité attachante comme sait si bien les dépeindre le réalisateur nippon... Les personnalités, mais aussi les paysages habillés des arbres auxquels Anne voue une véritable passion. Au fond, cette gamine au passé tragique ne cessera de poétiser le monde, renommant les plantes, les lieux et même les êtres à sa guise - et en premier lieu son prénom, qu'elle tente de fuir comme son passé, lui préférant celui moins banal de Cordélia.
Après, on pourra reprocher l'issue évidente de l'intrigue et son peu de surprises ; mais finalement on s'en fout. L'émotion - parfois un peu "pathos" vu le sujet - nous suivra tout du long, mais Takahata aura toujours le talent pour la contrebalancer par la poésie et l'imagination débordante de cette fillette à fleur de peau. L'imaginaire et la réalité ne cesseront de se confronter, mais Anne a déjà fait son choix depuis longtemps, même si son désir suprême de vivre parmi cette fratrie taiseuse la rendra chaque fois qu'il le faudra obéissante et impliquée.
Une histoire simple, belle, émouvante et poétique, qui évite presque miraculeusement les écueils de la mièvrerie et du larmoyant grâce au génie et à la magie du réalisateur que l'on sait. Et le plus dingue dans tout ça, c'est que cette petite Anne se révèle tellement craquante et intelligente, tellement humaine et généreuse, que pour la première fois de ma vie, j'ai songé à adopter ! :o Le compliment ultime.
8,5/10
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Créée
le 2 août 2016
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