アキラ
Je vais vous parler d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre (horrible que je puisse dire un truc pareil, et si je n'avais gardé cette attitude légèrement désinvolte, ces cheveux...
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le 14 avr. 2013
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Combien de fois ai-je vu Akira ? D’abord une première séance au cinéma en 1991, suivie de l’acquisition de la VHS en VF chez TF1 Vidéo et de l’enregistrement de la VOST sur Canal+ (ZE version, celle avec les crédits japonais, remplacés depuis par un générique en anglais, même dans les récentes éditions japonaises), enfin de revisionnages en compagnie d’Olrik jr et Olrik the 3rd devenus ados, ça doit se chiffrer à une bonne quinzaine de séances. Avec à chaque fois le même constat : pour excitant qu’il soit, le résultat reste en même temps imparfait de par un rythme qui condense en deux heures un manga dont le développement prend d’autres détours et utilise d’autre personnages. À la décharge d’Otomo, il n’avait alors pas terminé son histoire, occupé qu’il était à réaliser ce film pharaonique (regroupant 31 studios d’animations). Le grand mérite du film était finalement d’offrir un grand spectacle et proposant une fin qui n’empêcherait pas de découvrir celle du manga.
Il n’empêche, si la deuxième heure du film a tendance à souffrir de la comparaison avec le manga (la destruction de Néo-Tokyo sent vraiment l’économie de moyen), il faut reconnaître que la première heure n’a pas été foirée, en particulier la séquence d’ouverture. On a d’abord ce plan photo réaliste devant le bar d’Harukiya, un client entre, on y voit quelques exemples de la faune qui le fréquente et très vite, le regard est capté par le blouson rouge d’un gus (Kaneda) occupé à chercher un morceau devant un jukebox. Va-t-il choisir Cream, Led Zeppelin ou les Doors (comme le suggèrent les pochettes devant lui) ? On le découvrira plus tard. Puis arrive un nouveau personnage qui vient lui dire que les Clowns ont été serrés dans un coin du périphérique. Le type au blouson rouge, dont on ne voit toujours pas le visage, choisit alors son morceau et quitte le bar avec son compagnon.
Pendant ce temps, dehors, un troisième personnage passer en revue les fonctionnalités d’une incroyable moto rouge. La couleur fait songer au blouson du gars du bar. Dès lors, voir ce nouveau personnage, vêtu de couleurs plus fades, juché sur ce somptueux destrier, paraît surprenant. Mais pour celui qui n’aurait pas lu Akira, l’incertitude ne dure pas longtemps puisque le propriétaire du blouson arrive enfin, cette fois-ci de face, et s’installe sur la moto qui est donc sa moto. Et juste à ce moment, retour sur le jukebox qui enfin joue le morceau choisi par Kaneda, morceau qui va accompagner la première scène de bataille à motos. Autrement dit, Kaneda choisit un morceau qu’il ne pourra entendre, puisqu’il aura quitté le bar, mais qui va quand même accompagner les exploits de sa bande. J’ai toujours trouvé l’idée cool, d’autant que Kaneda n’a pas vraiment des goûts de chiottes : il choisit carrément un morceau du collectif musical le Geinoh Yamashirogumi, morceau qui a pour titre… Kaneda.
Et quel morceau ! Depuis ce film, on n’entend plus de la même manière les jegogs balinais. Immédiatement, on ressent un petit frisson de plaisir et l’on est traversé pas de belles visions de batailles urbaines motorisées. Et quand retentissent les voix, on se sent transportés dans un matsuri d’une nature particulière. « Matsuri » est d’ailleurs prononcé à un moment par ces voix, mais aussi « rassera », scandé en crescendo à la fin et renvoyant à une formule souvent utilisé dans des matsuris. Pas facile d’ailleurs de le traduire, disons qu’il s’agit surtout de créer un sentiment d’exaltation, de communion. Ce qui est le cas dans cette scène, mais pour autre chose que pour voir défiler une parade. En fait, les motards sont eux-mêmes la parade et vont exalter leurs propres valeurs : « honoo » (feu), « arashi » (tempête), « gareki » (ruines), « machi » (ville), « tatsumaki » (tornade), « nakama » (camaraderie) et « hashiru » (courir) sont d’autres mots scandés par les voix, auxquels s’ajoutent « Kaneda », « Tetsuo », « Kai » et « Yamagata ».
La scène n’est pas bien longue, à peine deux minutes, mais a parfaitement su retranscrire la furie adolescente du manga, du moins de son début. Et quand les jegogs retentissent plus loins dans le film (scène du tunnel, de la course précédant l’accident de Tetsuo, Kaneda à la rescousse de Tetsuo et de Kaori, l’escarmouche dans les souterrains, enfin lors du générique de fin), à chaque fois il y a le souvenir de cette scène inaugurale, avec ce sentiment irrésistible de jeunesse et d’énergie. Le film peut bien avoir des failles, paraître ici et l’imparfait, il a dans ces scènes une sorte de colonne vertébrale graphique et musicale en parfaite adéquation avec les souvenirs du lecteur du manga, et qui saura à chaque fois magnétiser le spectateur qui verrait Akira pour la première fois.
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