Akira
7.9
Akira

Long-métrage d'animation de Katsuhiro Ôtomo (1988)

Voir le film

A la fois portrait d'une société qui se reconstruit sur de mauvaises bases et métaphore de la frustration adolescente, Akira est le film qui aura su imposer et exporter l'animation nippone à travers le monde tout en lui donnant une crédibilité artistique. Filmé avec un sens du détail et une virtuosité ahurissante, le chef d'oeuvre d'Otomo n'en finit plus de subjuguer les générations de cinéphiles tant la qualité de son animation n'a d'égale que la multiplicité de thématiques qu'il traite.
La jeunesse désoeuvrée d'un futur dystopique se trouve ici prise en étau entre les idéologies politiques de militaires et d'activistes révolutionnaires. Au centre des enjeux, une solide amitié quasi-fraternelle qui éclate sous l'effet de la frustration et du déni affectif. Tetsuo n'est finalement que l'incarnation de tous les offensés qui se découvrent le pouvoir de la révolte, dérivant dangereusement vers l'auto-destruction. Face à la puissance destructrice du jeune homme, se dresse son meilleur ami d'enfance, Kaneda, que Tetsuo a toujours jalousé. Un complexe d'infériorité qui va entraîner une inversion des rapports de force et un chaos social auquel seul saurait répondre le légendaire Akira. Celui-ci, figure messianique par excellence, apparaît ici très peu en comparaison du manga original, bien plus limpide dans la résolution de ses enjeux (il faut à ce titre rappeler que Otomo réalisa le film avant d'avoir pu conclure son manga, d'où une conclusion ici moins évidente). Mais le film ne mérite pas pour autant d'être constamment comparé à son modèle et se regarde toujours avec la même fascination qu'il y a vingt-cinq ans. D'autant que le film d'Otomo ne paraît aucunement dépassé par l'animation moderne, l'audace visuelle et narrative de son auteur plaçant son oeuvre, un cran au-dessus de toutes les autres. Qui plus est l'influence d'Akira est désormais visible dans nombre d'autres oeuvres et pas seulement au cinéma. Le manga, la BD en général, la littérature, le jeu vidéo et quantité de films s'en sont ouvertement inspirés en plus de deux décennies d'héritage.


Porté par un score expérimental aux résonances tribales, le film impose le savoir-faire d'un mangaka devenu réalisateur de génie. Bien qu'ayant plusieurs fois fait la démonstration de son immense talent (Memories, Steamboy), Otomo ne fera jamais mieux et son nom restera à jamais indissociable de son brûlot cyberpunk.


Et bien que certains aspects de l'intrigue puissent encore paraître nébuleux pour ceux qui n'auront jamais eu le manga entre les mains, impossible de ne pas vibrer devant l'ampleur visuelle et narrative d'un tel spectacle cinégénique. Akira est donc un de ces films qui marquent à jamais la rétine et l'esprit de son spectateur, par la splendeur intemporelle de son animation et la complexité de son propos. Un chef d'oeuvre insurpassable du cinéma d'animation.

Buddy_Noone
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films, Japanimation, La SF à l'écran, Les plus belles claques esthétiques et Les meilleurs films post-apocalyptiques

Créée

le 12 janv. 2015

Critique lue 1.8K fois

27 j'aime

10 commentaires

Buddy_Noone

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

27
10

D'autres avis sur Akira

Akira
Samu-L
9

アキラ

Je vais vous parler d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre (horrible que je puisse dire un truc pareil, et si je n'avais gardé cette attitude légèrement désinvolte, ces cheveux...

le 14 avr. 2013

158 j'aime

28

Akira
Sergent_Pepper
8

Hérauts des hurlements

Akira est un double voyage dans le temps : c’est bien entendu celui d’une société futuriste (2019, qui s’approche à grand pas…), mais surtout le retour à un passé : de l’animation, et du manga. J’ai...

le 1 avr. 2014

97 j'aime

14

Akira
Docteur_Jivago
9

Horreur chaotique

En adaptant son manga Akira (il écrivait en même temps le scénario du film et les premiers tomes de son oeuvre), Katsuhiro Ōtomo nous emmène dans un Neo-Tokyo en 2019 après la destruction de la...

le 24 févr. 2015

89 j'aime

12

Du même critique

Les Fils de l'homme
Buddy_Noone
9

La balade de Théo

Novembre 2027. L'humanité agonise, aucune naissance n'a eu lieu depuis 18 ans. Pas l'ombre d'un seul enfant dans le monde. Tandis que le cadet de l'humanité vient d'être assassiné et que le monde...

le 18 juil. 2014

95 j'aime

6

Jurassic World
Buddy_Noone
4

Ingen-Yutani

En 1993, sortait avec le succès que l'on sait le premier opus de la franchise Jurassic Park. En combinant les différentes techniques de SFX et en poussant à leur paroxysme des images de synthèse...

le 16 juin 2015

85 j'aime

32