Fev 2011:

Le tout début de ce giallo tardif annonce une filiation directe à Bava et Argento, les fumées, le vampire, le baroque, l'outrance des éclairages, la quadrilogie des couleurs sur les premiers meurtres, toutes les caractéristiques du giallo sont réunies. Hommage ou héritage? Peu importe après tout. Mais cette forme partagée s'estompe progressivement, disons se fait moins évidente sur la majeure partie du reste du film. On sent en effet que le cinéaste Alessandro Lucidi bénéficie de moins de moyens sur les éclairages, travaille plus au filtre. Le chef opérateur (non crédité sur imdb : Lucidi, aussi?) est largement moins doué que ses maîtres prédécesseurs.

Le film repose entièrement sur les épaules du tueur Paolo Lorimer et encore plus sur celles de Daniela Poggi. Ces deux-là le tiennent à bout de bras. Leur tâche est compliquée.

D'autant plus que le scénario n'avance pas une trame super évidente. Sauf peut-être pour Lorimer dont les ambitions très primaires du personnage sont exprimées de façon tout à fait explicite et peut-être même un tantinet complaisante.

Concernant Daniela Poggi, les dernières minutes laissent planer un doute sur ce que son agression déclenche en elle : fascination morbide, excitation fantasmatique, empreinte indélébile et traumatique? Son désir de vengeance apparait un peu érodé par les images qui reviennent à la fin du film, malgré le fait qu'elle l'a justifié a priori devant la babysitteur, laquelle lui rappelle à juste titre que l'auto-justice n'existe pas.

Bref, on ne sait pas trop pourquoi on nous raconte cette histoire finalement. Quelles sont les intentions du scénario? J'en suis sorti un peu frustré, ne sachant comment prendre tout cela.

Ce qui m'a le plus contrarié n'est pas là, loin s'en faut, mais dans le rythme du film, très variable. Son découpage dans la maitrise du récit est pour le moins énigmatique.
On passe un temps fou à suivre cette star de ciné (Poggi) qui se prépare un week-end en amoureux tranquille dans sa maison de campagne. On a de longs plans d'elle faisant ses courses au supermarché, faisant une marche arrière avec sa voiture, ou allant chez le garagiste parce que la voiture a des ratés. Super. Pourquoi? Aucune idée. Cela n'apporte rien. Si, des bâillements.

Peut-être voulait-on installer un faux rythme, un récit ordinaire pour l'arrivée de la violence n'en soit que plus percutante? A ce moment-là, il aurait fallu qu'elle arrivât d'un seul coup et qu'on ne nous servît pas d'interminables plans d'approche de la maison en caméra subjective par le criminel, des plans trop longs où la caméra tourne autour de la maison, va et vient dans le jardin, s'approche, s'éloigne, mate un peu par la fenêtre de la salle de bain Poggi en train de se dévêtir, etc. C'est long, mais c'est long! Bref, pas maitrisé tout ça et relativement chiant.

En plus, l'arrivée de son amant coupe toute montée éventuelle du suspense. Tout cela manque de cohérence.

Une fois que le type est entré, la tension est bel et bien là, heureusement.

Alors au final, que reste-t-il de ce film? Peu. De là à dire qu'il est mauvais, ce serait peut-être injuste, exagéré. Certes, les efforts louables du début ne tiennent pas toutes leurs promesses et quand l'action est enfin là, on suit cela en se posant quelques questions sans réponse, pourtant on sent une bonne volonté, qu'il y avait matière à produire quelque chose de sympa, bien effrayant et perturbant.

Les comédiens étaient bons également.
Dommage, rendez-vous manqué.
Alligator
4
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le 16 avr. 2013

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Alligator

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