Même si le sujet d'Alabama Monroe,la perte d'un enfant suite à un cancer, est douloureux, c'est un film peuplé de moments de grâce. La rencontre entre Didier et Elise est filmé comme un moment délicieusement atypique mais beau. L'arrivée de leur petite Maybelle fait apparaître les premières dissonances dans leur couple mais le plus grave est à venir. Van Groeningen livre un film habité où les bons moments côtoient la douleur, où la musique blue grass célèbre la joie et les deuils et nous sommes attristés par le destin funeste de ce beau couple à qui tout était promis. C'est rare de ressentir une telle empathie pour des personnages même s'ils sont assez marginaux dans leurs genres mais profondément attachants. La connexion entre Vaerle Baetens (Elise)et Johan Heldenbergh (Didier), la façon de filmer du réalisateur entre nébulosité heureuse et violence du réel sont des ingrédients qui marquent et fonctionnent. L'épilogue est vraiment un sale moment à passer et nous fait penser que la vie est parfois injuste avec les gens et qu'elle les dépossède arbitrairement et que cela reste comme les tatouages d'Elise,témoignages de moments heureux avant les déceptions ou les drames.