Fin 2009, le dernier film du belge Felix Van Groeningen, La merditude des choses, ne m'avait pas spécialement emballé. Alabama Monroe, vu en avant première il y a plusieurs semaines déjà, en présence de l'équipe (très sympa) et avec concert du groupe présent dans le film, avait une bande-annonce très alléchante (mais qui comme souvent en dévoile trop...). C'est un fait, celui-ci est beaucoup plus réussi à mes yeux que le précédent. Au moins dans sa deuxième partie. Contrairement à certains films (cf. Michael Kohlhaas), on est en présence ici d'une forte émotion. Peut être même trop. La première partie est un mélo tire-larmes qui met, paradoxalement, très mal à l'aise. Mais peut être nécessaire pour déboucher sur la seconde partie, recentrée sur le couple, où l'on atteint là des sommets d'émotion plus brute, plus pure, moins télécommandée. La mise en scène de Van Groeningen est magnifique, limite virtuose. Associée à un scénario adapté d'une pièce de l'acteur principal (mais qui n'a pas participé à l'écriture du film), l'ensemble nous prend aux tripes et nous déchire le cœur au fur et à mesure que le dénouement approche. L'histoire est complètement éclatée en flash-backs (ou flash-forwards, on ne sait plus trop à vrai dire), un peu déstabilisant au début mais on s'y fait vite. L'interprétation est exceptionnelle. Johan Heldenbergh est formidable, tout comme Veerle Baetens, absolument bluffante. Ils forment un couple très touchant et parfaitement crédible. Ils rendent leurs personnages immédiatement attachants, comme tous les autres acteurs, également tous très biens. Le film bénéficie en outre d'une photo magnifique et d'un excellent montage (récit éclaté oblige). La musique occupe aussi une place très importante. Elle s'associe parfaitement à l'histoire et est un personnage à part entière (même si la country, en l’occurrence le Bluegrass, n'est pas vraiment ma tasse de thé). Les acteurs chantent eux mêmes toutes les chansons. Le groupe né du film connait d'ailleurs un immense succès en Belgique et joue à guichet fermé depuis la sortie du film.
Voilà donc un film qui ne devrait pas laisser indifférent. C'est fort, puissant, poignant, déchirant. Même si j'ai trouvé la première partie, avec l'enfant, un peu « too much ». On se prend là une bonne petite claque dans la gueule. Un pur mélodrame, sensible et dur à la fois, une belle émotion qui reste gravée longtemps encore après l'avoir vu...