Alabama Monroe aurait pu être un drame tout ce qu'il y a de plus tragique et, finalement, classique dans le paysage cinématographique mondial. Sauf que... Sauf que...

Prenez deux rêveurs (autrement appelés marginaux dans certains milieux), l'un musicien, l'autre tatoueuse, les deux tentant de vivre de leurs rêves, y parvenant pas trop mal, d'ailleurs. Faites-les se rencontrer, mélangez la passion et laissez la magie de la naissance ajouter un nouveau rêve à eux trois dorénavant. Et maintenant, laissez la réalité de la vie les rattraper par ce qu'elle peut offrir de pire. Vous apprendrez alors que les rêveurs sont de verre, qu'ils se brisent et qu'une fois en mille morceaux ils parviennent encore à se fracasser en million de petits éclats encore et encore...

Alors certes, si le thème est plus qu'éculé, Felix Van Groeningen (inconnu pour ma part jusqu'alors, j'ai raté le Merditude des Choses) réussit le tour de force de faire quelque chose de différent. Sa mise en scène, faite sous forme de flashback façon puzzle réveille en permanence l'intérêt su spectateur et, surtout, l'enfonce dans un drame de plus en plus lourd. On se doute, on ne veut pas. Mais le réalisateur a toujours raison et on prend cher. Très cher... Une réalisation sans faute, donc, digne des plus grands, les scènes musicales de Bluegrass, soulageant par intermittence l'âme du spectateur afin de lui donner une claque encore plus brutale ensuite.

En ce qui concerne la pellicule, et c'est peut-être le seul bémol du film, même si elle convient parfaitement au thème, est d'un réalisme cru et hélas ne présentant aucune particularité. Bon, ensuite, ajouter des jeux de grains ou de lumière aurait vraiment fait pathos au possible. Reste la caméra qui se sublime lors de gros plans sur les visages. C'est beau et parfaitement mené.

Rien à reprocher sur le jeu des acteurs. C'est fort, puissant, avec des regards et des visages qui se modifient avec le degré de souffrance. C'est beau et, si les dialogues marquent peu, les expressions sont, elles, bien parlantes. Bref, une totale maîtrise pour des rôles complexes et qui ont certainement très lourds à porter. Mention spéciale pour Veerle Baetens qui excelle de bout en bout.

Un film à ne pas rater pour tout cinéphile (au sens large du thème, sans élitisme aucun), encore faut-il le pouvoir (ou vouloir). Alabama Monroe est un film qui, au mieux, fait mal, au pire (comme ce fut mon cas en bon rêveur que je suis), ne vous laisse pas indemne. La réaction du public fut claire à ce sujet à la fin de la projection, un partie partit de suite, comme pour fuir la douleur, les autres (dont votre humble scribouilleur fait partie) sont restés, silencieux, les jambes coupées, avec l'impression d'avoir vécu ce qu'on ne devrait jamais vivre...
Arkhyl
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le 30 sept. 2013

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Arkhyl

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