Une autofellation assez gênante

Ce qui est fabuleux avec Disney c'est qu'on prendre un réalisateur comme Guy Ritchie, dont le précédant film était un four monstrueux, en plus d'une débâcle artistique totale (enfin du Guy Ritchie quoi) et on peut lui confier sans sourciller les commandes du prochain blockbuster destiné à chatouiller le milliard de dollars de recette sans la moindre peur... Pourquoi ? parce qu'on sait que de toutes façon il n'aura aucune liberté, il est là pour dire "Oui, Amen"... Alors Ritchie ou un autre, peu importe...

J'ai hésité avant d'aller voir Aladdin, Disney avait déjà eu mon fric pour Dumbo grâce à Tim Burton... du fric foutu en l'air... et là j'ai encore échangé du vrai argent pour ça... Mais là si je voulais le voir c'était parce que Aladdin m'intéresse. Je veux dire le conte d'Aladdin m'intéresse ainsi que son traitement.

Ce qu'il faut retenir du film c'est que Antoine Galland a fait d'Aladdin un conte des Mille et une nuits et que Disney en a fait un conte Disney chantant et que là Disney en fait une sorte d'autopromo incestueuse à sa propre gloire et à la gloire de Will Smith... Je ne suis pas contre les réécritures, loin de là, c'est intéressant de voir comment évolue un récit en fonction des époques et des auteurs, mais là... Si Antoine Galland en a fait un récit de son époque, là Disney en a également fait un récit de son époque... triste époque que celle du capitalisme débridé... mais attention un capitalisme progressiste !!!

Vous savez la même entreprise qui il y a dix ans vendait des anneaux de puretés aux gamins en leur disant de ne pas coucher avant le mariage avec les Jonas Brother, aujourd'hui vend l'émancipation de la femme avec une femme Sultane en plein sultanat musulman (pléonasme, je sais)... Tout va bien... le progrès avant tout... Tant que tout se fait chapeauter dans un délire de consommation débridé tout va bien... Et quelque part j'aurais aimé dire que ça fonctionne... j'aurais aimé dire que le récit d'Aladdin est assez fort pour supporter les passages d'une époque à une autre, d'une idéologie à une autre... Mais là ça sort tellement de nulle part, on sent que c'est juste une ligne idéologique que l'on cherche à faire coller absolument juste pour ne pas se faire traiter de sexiste sur Twitter...

Quant au film en lui-même ce n'est rien... c'est des beaux décors... numériques... mais c'est tout... Tout ça n'a pas réellement de charme... l'acteur qui joue Aladdin est une tête à claque improbable, rien que voir sa gueule ça m'énerve... les chansons on aura beau dire, on aura beau faire mais en prise de vue réelle (pour ce qui reste de réel, tout doit être du fond vert) ben ça ne rend pas bien du tout... Guy Ritchie n'est pas un réalisateur de comédie musicale et donc il y a un côté hyper gênant dès que les personnages se mettent à chanter...

Mais le pire, enfin dans les pires trucs reste le combat final avec un piaf numérique au lieu du combat avec le serpent... En fait c'est ça le problème lorsque l'on décalque... on est obligé de comparer avec l'original... et ouais ben c'est juste nul et fade... idem pour la chanson du prince Ali... limite la version avec Kev Adams semblait plus dynamique. C'était le moment où Ritchie aurait pu montrer le beauf qu'il est et tenter tous les effets de style improbables qu'il adore... mais non... rien... c'est juste fade... Mais ce qui surpasse tout en nullité reste le récit encadrant. Dans l'original on était dans le désert, il y avait un côté inquiétant... et puis je dois avouer que j'apprécie la chanson... Mais là, franchement... il n'y a plus rien... Ni mystère ni rien du tout... Je ne comprends même pas l'idée...

Et tant qu'on est dans les comparaisons avec l'original, j'ai l'impression que le film essaye de varier quelques légers petits trucs pour que le spectateur ne s'endorme pas et soit pris au piège... genre "ahaha tu croyais que ça allait se passer comme ça... mais en fait non... ah ah ah". Sauf que ce genre de blague métafilmique est juste inintéressante... Raconte une histoire, juste raconte la, mais raconte la bien... parce que là pour l'instant à part être sur des rails à suivre un cahier des charges prédéfini il n'y a rien...

Donc Aladdin de Guy Ritchie n'est rien... il n'aura aucune postérité et sera noyé dans le lot de remake de Disney... aussi vite oublié qu'il aura vite chassé le remake précédent à savoir Dumbo et qu'il sera chassé la le suivant : Le roi lion.

C'est ça qui est fabuleux, ce n'est pas un film, c'est comme un Marvel, c'est une date dans un calendrier, une place à occuper pour assurer aux actionnaires de Disney leur part de marché et leurs dividendes...