SC et MUBI se sont ligués ? Alata est utilisé (pour la couverture) par SensCritique pour son sondage des « Meilleurs films israéliens », alors qu'il est absent du Top et autour de 100 notes. MUBI le recase peu après son éjection. Apparemment il faut voir cet Alata ; c'est sûrement un film « nécessaire » et blablabla.
Le cinéma israélien est rempli de films impliquant l'homosexualité, domaine sur lequel Eytan Fox a l'ascendant (Yossi et Jagger, Tu marcheras sur l'eau). La plupart passent par Tel-Aviv, oasis pour les palestiniens affectés par cette orientation qu'ils doivent cacher pour protéger l'honneur de leur famille en plus du leur. C'est aussi un oasis politique en Israël, ce poumon du pays étant relativement détaché de ses conflits sans fin, accueillant la jeunesse et donnant au monde une vitrine optimale (tolérance, stabilité et développement). The Bubble d'Eytan Fox tachait de montrer ce dynamisme et ces espoirs, flirtant au final avec le fantasme d'optimiste (mais optimiste avoué). Alata laisse aux autres les rêveries et les grands formats pour s'intéresser au particulier : l'amour impossible entre un juif et un palestinien.
Le premier (Roy) est avocat chez son père, le second (Nimr) fait ses études dans 'la bulle' (il a donc décroché un permis) et souhaite s'expatrier loin de ce bourbier. La radicalisation de son grand frère Nabil (trafic d'armes) compromet ses chances de départ, menace son avancement et son secret. Les terroristes et la police secrète assument leur fonction, poursuivent leurs buts 'négatifs' (aucun gain, que des limitations personnelles et une contribution à l'enlisement global à l'arrivée – c'est le point de vue du film). Le poids des règles communautaires et le quadrillage de l'environnement par la politique rendent l'atmosphère artificielle et brutale, dans le sens où la marge par rapport aux rôles assignés est minime. Chacun est forcé de s'engager quand il n'est pas déjà responsable et coupable pour tout, bénéficiaire de rien, sinon de protections bancales – car les fréquentations rejaillissent sur toute la famille. Ainsi Nimr et Nabil jouent leur peau, Roy risque sa crédibilité sociale voire sa liberté.
Avec leur désir d'émancipation 'multiplié' Roy et Nimr forment la seule touche glamour du film ; nature renvoyant aux paradoxes du film. Alata est toujours sur le fil entre un relâchement très 'sentimental' et un point de vue cru, sans fioritures, avec fuite en avant forcée, amenant leurs lots de choix 'de raison', de survie, ou de tentations lâches (Roy sous-estime la gravité de l'affaire, ne voit presque que des problèmes d'intendance et de différents culturels dans ce qui arrive à Nimr). C'est une tragédie soap avec un décorum ''dur'' (alignant les barrières, lourdeurs et devoirs sociaux sans romantisme – sans éclairage remarquable non plus). Il se sert de la politique sans apporter de réponses, en restant centré sur la romance, prenant le parti de la fuite et de l'individualisme. L'issue n'est pas dans la réparation ou la réconciliation, ni dans le recours à quelques poisons métaphysiques ou rapides – cet univers sordide vaccine du goût pour la morbidité.
Le centrage sur ces deux Roméos au détriment de leur univers ultra polémique donne un côté 'bigger-than-life' au film, alors qu'il s'en tient à des péripéties triviales, crédibles, mais avec la force de la subjectivité prisonnière de tourments plus grands qu'elle – et pour lesquelles elle n'est qu'un agent dissipé, un nuisible. Cela dit Michael Myers (dont c'est le premier -et unique- film comme réalisateur et scénariste) va toujours alimenter les tensions au maximum. Tous les créateurs de fiction ont une 'loi' à disposition : il faut toujours compliquer la vie à ses personnages. Là-dessus Alata est zélé, tout en restant dans le réalisme. Combiné avec l'anéantissement progressif de tous les acquis a-priori (matériels, légaux, humains), c'est du meilleur effet. Enfin le film s'étend un peu au rayon de la sensualité ; plus crus et concis, ces moments auraient été plus 'faciles' à digérer au-delà du cœur du cible. On peut aussi y voir une volonté d'exhaustivité sans tomber dans le racolage, en allant dans une direction adulte.
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