Pipi-caca-prout au far west
Je ne supporte pas cette série qui a fait la popularité de Seth MacFarlane, à savoir Family guy, mais j'avais plutôt aimé son premier film, Ted, dont l'humour était plus proche de celui de South park. J'étais tenté, forcément, par A million ways to die in the west (je m'abstiendrai de citer le titre français, vomitif), western-comédie dont l'humour s'annonçait quand même bien lourd, bien gras. Trop, peut-être, à en croire les premiers retours que j'avais lu. Peu importe, j'y suis allé quand même.
Effectivement, l'humour est très lourd, très vulgaire, et bien que la vulgarité ne me dérange pas en temps normal, ici elle ne vient pas naturellement et c'est de façon forcée que semblent introduits des "fuck" en plein milieu de répliques banales.
On nous présente l'Ouest comme un monde où le danger est partout, grossissant le trait de la vision déjà caricaturale du western selon Hollywood. Non, dans la réalité, on ne risquait pas un duel ou une attaque d'hors-la-loi à tout moment, contrairement à ce que veut nous faire croire Seth MacFarlane. Et ça a encore moins de sens que son personnage, Albert, qui a vécu toute sa vie dans un tel monde, soit aussi conscient de la médiocrité de celui-ci qu'une personne issue de notre époque. Il y a une séquence entière où il balance un monologue fort peu naturel où il énumère les dangers de l'Ouest, dans le but mal dissimulé de planter le décor pour le spectateur.
Seth MacFarlane semble vouloir baser ses gags sur la critique des mœurs et usages de l’époque, or il tombe à côté de la plaque, en faisant référence à de simples mythes.
Et même dans la diégèse d’une caricature du far west, il y a des gags qui sont dépourvus de logique ; je pense à cette scène où une foule admire un billet d’un dollar, je veux bien qu’on joue sur l’inflation entre cette époque et la nôtre à des fins comiques, mais pourquoi ces gens n’auraient-ils jamais vu un dollar de leur vie ? Ca n’a aucun sens. Et on fait tout un plat de ce gag, comme pour celui de cet homme légendaire qui aurait souri, un jour, sur une photo. Le film en fait souvent des caisses à partir de gags à peine drôles ; il faut voir les acteurs improviser pendant plusieurs minutes uniquement sur le design d’une robe…
J’aurais pu pardonner tout ça si au moins c’était contrebalancé par quelques moments de fou rire, comme dans Ted, mais dans A million ways to die in the west on régresse, il y a des gags bien trop faciles et vus mille fois, comme lorsque le héros parle de l’affection de ses parents, et leur adresse un "hein, pas vrai ?", ce à quoi son père répond par un pet… Pitié. Beaucoup trop de gags se basent sur des pets, du pipi, du caca ; la scène la plus lamentable étant celle où un homme mal en point chie dans un chapeau pendant trois plombes, puis dans un second…
L’une des idées un peu originales du film, c’est ce couple dans lequel la femme travaille comme prostituée ; c’est amusant, même si très absurde.
Quant à un des meilleurs gags du film, celui qui aurait pu me faire hurler de rire dans la salle, il a été spoilé dans un des spots TV…
Bizarrement, il y a des scènes non comiques qui fonctionnent, notamment celle où le "old timer" est confronté à un hors-la-loi, j’ai ressenti une légère angoisse pour ce pauvre innocent.
Et malgré la tournure on ne peut plus prévisible que va prendre la relation entre Albert et son alliée Anna, j’ai trouvé que l’évolution de leurs rapports est bien mieux établie que dans de nombreux films, et surtout bien mieux que dans beaucoup de comédies, où on ne se sent pas impliqué par les sentiments qu’ont les personnages pour un autre, alors que c’est le cas ici. C’est probablement en partie grâce aux acteurs, tous justes, il faut l’admettre.
Seth MacFarlane n’est pas un mauvais réalisateur non plus, par rapport à d’autres comédies où la mise en scène est effacée, ici on peut remarquer quelques bons mouvements de caméra.
Un choix de cadre que je reproche par contre, c’est ce plan anormalement large, avec beaucoup de vide, sur un personnage qui s’apprête à être percuté par un taureau. Le choix de cadre ne serait pas justifié si quelque chose n’allait pas apparaître à l’écran, et ainsi il spoile la suite des évènements. Tant qu’on y est, concernant le montage, il y a ce jump-cut qui arrive au milieu d’un dialogue, comme si on avait voulu raccorder deux prises sans passer par un contre-champ ; bizarre.
A million ways to die in the west est une comédie sans grande originalité, malgré son contexte, et que j’aurai vite oublié, si ce n’est pour un ou deux gags qui sortent du lot, ce qui est peu.