J'aurais du mal à comprendre, comment quelqu'un pourrait passer à côté de ce film simple, académique, mais pourtant si cruel et douloureux.
Car comme le dit le médecin à la fin du film : " Doux jésus, je ne sais pas comment certaines personnes font pour avoir une si misérable vie".
Car c'est ça qui est poignant. Albert Nobbs est un miséreux, il nous fait de la peine. Au delà de dresser le portrait d'un travesti dans une époque et un pays plus que conservateur, il dresse surtout le portrait d'une classe sociale, de ceux qui font tout pour s'en sortir, empruntant des chemins divers et variés, passant par la voie de la facilité (Joe) ou celle de la patience et de l'économie (Albert), tout ceci ayant pour but d'obtenir un minimum vital.
Albert Nobbs est touchant oui, car il se contentait de peu, se laissait guider par ses rêves et ses desseins de vie. Pourtant, Nobbs, n'aura rien de tout ceci, si ce n'est le désir de les avoir, et la satisfaction de se rapprocher du but.
Le plus triste reste sa fin, tragique, solitaire, dépourvue des chimères qui l'avaient longtemps animées.
Servi par une Glenn Close et une Janet McTeer impériales, et un couple de jeunes acteurs (Johnson-Wasikowska) épatants, ce film a le mérite de raconter avec simplicité et douceur une histoire réellement et profondément tragique.
Beaucoup de lumière s'en dégage alors, et malgré une réalisation plus que conforme, l'histoire nous prend d'elle même.