Le coût du train-train quotidien

- Le cinéma s'est souvent posé la question de combien coûte une vie, mais rarement, il s'est demandé combien coûtais le fait de la donner.

- La scène d'ouverture d'Alberto Express nous présente brièvement la mère puis le père d'Alberto, accueillant son fils dans une pièce presque à l'écart du temps, alors que celui-ci s'apprête à quitter le domicile familial et entamer ce que l'on nomme habituellement comme "la vie d'adulte".

Si tôt l'émotion passée que le père dévoile d'une bien étrange manière a son fils, une pratique ancestrale de leur famille, transmis de père en fils (oui, on ne saura pas si les filles de cette famille sont concernées.) : Le remboursement de tous les frais qu'Alberto a causé à la famille depuis sa naissance, avec pour date limite de remboursement le jour de la naissance de son premier enfant.

Chose qui arrivera bien plus vite que prévu, car l'on retrouve directement Alberto quelques années plus tard, a Paris, se rappelant de cet adage familial, a quelques heures de la naissance de son enfant.

Pris de panique, il saute dans le train de 23h30 pour Rome, sans un sou en poche, mais bien décidé a remboursé cette dette, peu importe la façon.

Le film aura donc le rythme d'une course-poursuite, notre pauvre Alberto courant, la mort à ses trousses, après cette somme déraisonnable et injuste.

- Le film est une comédie française réalisée par Arthur Joffé, qui n'a rien à voir avec le réalisateur Rolland Joffé. L'aspect comédie marche très bien, même si l'humour y est distillé avec parcimonie, le spectateur seras amené à sourire régulièrement plutôt qu'à rire à gorge déployée.

-Mais ce qui m'a le plus plu dans ce film, c'est la façon dont le personnage, qui se cherche le courage d'être père, le courage d'assumer ses responsabilités (Il vient quand même de lâcher sa femme à quelques heures de son accouchement pour rentrer chez lui.) va évoluer durant ce voyage en train. Avec peu de dialogue ou de questionnement grossier sur la parentalité, mais des situations et rencontres qui amène le personnage et le spectateur à ce posé, les bonnes questions, et à prendre, ou pas, les "bonnes" décisions. Le réalisateur utilise aussi bien l'image que la parole pour faire évoluer Alberto, et c'est agréable pour le spectateur qui va suivre cette évolution dans une belle fluidité cinématographique.

- Le réalisateur nous donne sa réponse à la fameuse question "COMBIEN ?!" dans une scène très drôle et touchante, réussissant à finalement symboliser la parentalité dans un ticket de cinéma, plutôt que dans un très long ticket de caisse.

Et là, le film est très fort, car faire une si belle déclaration d'amour au cinéma, sans parler de cinéma du film, c'est bien joué.

- Évidemment, le film se permet d'avoir une belle photographie, de très beaux décors et Dominique Pinon dans son casting. Le rythme frénétique nous permet de ne pas voir passé le film, mais je trouve qu'il aurait peut-être pu prendre un peu plus son temps sur certaines scènes.

Le Jeu de Sergio Castellitto (Alberto) est un peu déroutant au début, mais devient très vite attachant quand l'on comprend que c'est uniquement car Alberto est complètement angoissé par le souvenir de cette dette, représentant toutes les responsabilités de la parentalité qu'il va devoir assumer.

Le film à pas mal d'idées et d'images sympa, la scène avec Dominique Pinon par exemple, ou la scène des papas, simplement mise en scène, mais la scène reste très original.

Je vous conseille vivement ce film, trop méconnu, qui saura sûrement vous faire rire et ressentir quelques émotions dans une ambiance légère et agréable.

Et n'oubliez pas d'aller au cinéma avec vos enfants, c'est important.