Il suffit de s'attarder sur la maigre moyenne du film sur le site, ainsi que de lire certains avis qui laissent pantois, pour se rendre compte à quel point, aujourd'hui, le monde (et la critique improvisée qui va avec) est devenu cynique et condescendant.
Alors qu'il ne trouve presque rien à redire à une série de préquelles Wyzarding World d'un je-m'en-foutisme à hurler de rage, alors que certaines oeuvres d'un vide abyssal passent comme une lettre à la poste entre les mailles du filet de la pique et du jeu de mots foireux, s'en prendre à Alex, le Destin d'un Roi pour de mauvaises raisons a de quoi laisser pour le moins sceptique.
Certes, le bestiaire mis en images est des plus limités, c'est un fait. Tout comme certains effets spéciaux ne sont pas toujours très réussis, même s'ils laissent une impression tendant, majoritairement, vers le propre sans éclats. Tout comme il laissera les plus terre-à-terre d'entre vous sur le bord du chemin à l'orée du climax, défiant plus d'une fois la suspension d'incrédulité.
Mais à côté de tout cela, Alex, le Destin d'un Roi, ce n'est pas un film qui lorgne du côté du revival intéressé des années Amblin, histoire de faire de l'oeil (appuyé) aux quadras nostalgiques. Non, Alex, C'EST un film Amblin qui transpire par tous ses pores de sincérité, du merveilleux à l'intention des gosses d'aujourd'hui. Dans le prolongement immédiat des Goonies ou du Secret de la Pyramide.
Au point qu'Alex, le Destin d'un Roi, c'est le film que je voudrais voir si j'avais dix ans en 2019, celui qui m'a parlé avec le plus de coeur depuis un bail dans le genre film pour mômes, qui traite son matériau sans le dénaturer, le modernise sans outrance et surtout, dénué de l'humour beauf et très pseudo méta en vogue actuellement.
Le masqué est sans doute aveuglé par la poudre de Merlinpinpin dont Joe Cornish lui a certainement rempli les yeux. Mais la magie est néanmoins là, tout comme l'empathie lorsque la quête du Graal est transformée en quête du père. Et le charme opère quand le film, tout comme Attack the Block, du reste, ne cesse de questionner les limites de la réalité quand elles se cognent à la légende, comme autrefois à l'argument science fictionnel. Le tout dans un sous-texte discret typiquement anglais à l'heure du Brexit et du désenchantement de la chose politique.
Avec ce qu'il faut d'excentrisme d'un charme fou, avec une énergie constante qui fait un plaisir fou à voir et à éprouver, Alex, le Destin d'un Roi, a tout pour moi d'une oeuvre coup de coeur d'une générosité et d'une simplicité rares aujourd'hui, dont l'optimisme ne peut que faire écho à celui dont Brad Bird chantait les louanges dans son mésestimé Le Monde de Demain.
Les aigris se gausseront sans doute à la lecture d'un tel billet naïf et enthousiaste. Grand bien leur fasse. Ils voudraient sans doute prendre cette histoire au sérieux, alors que Alex cause avant tout de légende, de croyances et de leurs parts parfois sombres qui évoluent dans le coeur d'un enfant en pleine construction et en quête de repères.
Et Joe Cornish de nous communiquer son amour de son sujet de manière évidente et sincère. Non, Alex, le Destin d'un Roi, n'a rien d'un coup d'épée dans l'eau. Au contraire, tant le réal s'amuse avec les règles de son univers, tant son énergie est communicative, le film ne s'en trouve que plus attachant, que plus émouvant et candide.
Behind_the_Mask, légendes d'eaux tonnent.