Cri d'orfraie

Dans la lignée de Divorce à l’italienne qui lui a valu un grand succès international, Pietro Germi tourne Alfredo Alfredo ayant pour thème les relations amoureuses et maritales, vues sous un angle comique, notamment grâce à la caricature des caractères (surtout chez la femme).

La loi légalisant le divorce ayant été votée en 1970, Pietro Germi ne pousse pas le même cri d'orfraie sur une Italie chrétienne et conservatrice lorsque Alfredo Alfredo sort en 1972. Toutefois, presque la moitié de la population s’y oppose encore – ce qui ne freine pas du tout Germi, qui, au contraire, s’en amuse et ajoute par ailleurs des scènes un peu osées pour l’époque avec quelques sous-entendus sexuels, sans jamais se défaire néanmoins d’un côté farcesque qui détend l’atmosphère. D’ailleurs le thème du divorce et du désamour, aussi grave qu’il soit, est toujours abordé à travers le rire : d’un côté le ridicule et timide amoureux transi, incarné par un excellent Dustin Hoffman (évidemment doublé) - porte d’entrée sur le marché américain - dont les monologues intérieurs fourmillent de pensées comiques (le rire reposant surtout sur l’écart entre la volonté et l’action) ; de l’autre la splendide et non moins hystérique Stefania Sandrelli, dont l’extrême beauté va de pair avec l’extrême folie – le cri d’orgasme en étant l’apothéose.

Comment souvent chez Germi, le travail est d’excellente facture : tant le rythme, les dialogues, les personnages, l’équilibre, le scénario, la direction d’acteurs que les idées, l’inventivité ou encore la chute inattendue, tout y est parfaitement dosé. Une très belle comédie à l’italienne, ayant valu à Germi le David Di Donatello.