Soyez les bienvenus dans l'univers trash et audiovisuellement azimuté du pape de l'underground 9-3 Jean-Louis Costes : de la violence, de la verve ordurière et du comique grotesque à la louche, le tout mixé dans un emballage aux dehors pourraves mais néanmoins étudiés, réservant une énergie somme toute unique en son genre...


Dépeignant les prodromes de l'hégémonie mondiale des réseaux sociaux Alice au pays des portables retrace depuis son année 2002 la descente aux enfers suburbaine de Melle Térique, jeune française d'origine africaine en mal d'amour et de sentiments peu à peu obsédée par un étrange Prince lui faisant la cour par l'entremise de son téléphone mobile ; entre les racailleux haineux et les piliers de bistrot avinés de son quartier, ses amies jalouses et son professeur de philo complètement fracassé du ciboulot ( joué par Costes en personne, dans le plus pur esprit circassien ) Alice Térique cherchera par tous les moyens à s'extirper d'une misère amoureuse et/ou sexuelle jalonnant les lieux publiques et privés d'une Seine-Saint-Denis morose et hallucinée tout à la fois... C'est braque, comico-pathétique et fantasmé jusqu'au moellon !


Dix ans avant le Tout-Facebook, Twitter et Insta et cetera et cetera Costes dresse un constat terriblement alarmant des nouvelles relations virtuelles, à l'aune des sites de rencontres et du Net généralisé. En offrant le rôle-titre à la confidentielle Darline Monfort l'anachorète de Saint-Denis parvient de façon surprenante à tirer un étonnant portrait de femme rêvant du Prince charmant et/ou de l'homme idéal à renfort de messages textos souvent utilitaires, parfois faussement prévenants et toujours illusoires en définitive. Son film racaille-love risquera d'en choquer plus d'un et plus d'une, tellement cinglé et bourré d'inventivité d'une image à l'autre qu'il suscite un intérêt mêlant fascination et malaise. Du Costes pur et dur, avec du bruit, du sang et de la fureur de part en part : un petit classique !

stebbins
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le 24 août 2021

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