Tim Burton, en se positionnant uniquement comme producteur d’Alice de l’autre côté du miroir, a choisi de veiller à l’intégrité de l’univers de Lewis Caroll qu’il avait adapté précédemment. Une stratégie pas forcément payante car une petite étincelle de merveilleux, malgré un respect de son style, fait défaut. Certes, le film est beau à regarder mais sa dramaturgie centrée sur une chronosphère qui va contribuer à sauver la famille « disparue » du chapelier amène à dénaturer les messages défendus par l’écrivain ( à savoir que le Temps doit être utilisé en pleine conscience et que la seule famille qu’un individu possède est une richesse qu’il doit respecter). Une tonalité victorienne malmenée par l’efficacité du cinéma du vingt et unième siècle et son soin particulier à faire de l’esbroufe plutôt qu’à faire comprendre. La suite a aussi imposé de reprendre Mia Wasikowska sensée rentrer dans la peau d’une Alice plus adulte, moins innocente et voulant ferrailler avec la société patriarcale.Un virage pas si évident à négocier et où on sent l’actrice nettement moins à l’aise dans cette incarnation tambour battant.Ainsi, sa prestation moins assumée amène que le spectateur s’intéresse plus à la Reine Rouge ( Helena Bonham-Carter étant admirablement rodée aux rôles exhubérants et gothiques) mais questionne aussi sur le choix d’Anne Hathaway en Reine Blanche ( pas vraiment convaincante en « gentille » altruiste).Malgré un vivier d’intentions et d’expositions proposés, Alice et de l’autre côté du miroir loupe le coche et l’adhésion du spectateur s’en trouve émoussée. C’est presque un soulagement de voir l’histoire se terminer car un parti pris solide et des passerelles permettant sa juste appropriation auront définitivement manqué.