Un très beau mélange de drame social, de conte, road movie et film burlesque, porté par une actrice éblouissante.


De désillusions en désillusions (un job de chanteuse associée à la rencontre d’un homme à fuir, puis un job que l’on voudrait fuir associé à la rencontre d’un homme qui se veut meilleur), cette mère au rêve bien défini depuis sa plus tendre enfance va devoir faire des sacrifices afin d’avoir une chance d’accomplir ce qu’elle désire, tout en découvrant malgré le semblant de liberté qu’elle croyait avoir obtenu lors de son mari, qu’elle était plus attaché aux hommes, et surtout à l’homme en tant que conjoint, qu’elle ne voulait le croire.


Un très beau plan-séquence apparait qui arrive comme un avant gout de la célèbre séquence des Affranchis plus de 10 ans plus tard. Aussi une apparition très plaisante de Jodie Foster deux ans avant Taxi Driver et Harvey Keitel dans un personnage inquiétant de charmeur qui cache un aspect plus dangereux qui va obliger le personnage à continuer sa route et oublier son job de chanteuse. Kristofferson montre lui aussi un personnage double (mais un peu moins dangereux néanmoins, tout en amenant par contre comme le précédent que les apparences peuvent être trompeuses), possédant comme tout un chacun toujours une faille dans un personnage paraissant presque « parfait », bien qu’il possède la capacité d’évoluer, contrairement là au personnage de Keitel. L’enfant lui personnifie le côté idéaliste de sa mère, mais aussi une certaine intolérance qui fait avancer ce personnage tout au long du film.


Cette histoire belle et tragique à la fois est ponctuée par des passages burlesques hilarants du plus bel effet parfaitement maitrisés, un humour poétique traversant le film de part en part et qui permet une certaine légèreté bienvenue en l’empêchant de sombrer dans un sordide qui aurait pu facilement arriver. Une très belle fable donc quelque peu désenchantée par moments, parfaitement orchestrée, montrant de la part de Scorsese un très bon directeur d’acteurs, en plus d’un excellent metteur en scène, comme on le voit dans la scène d’ouverture esthétiquement superbe qui rappelle un peu Le magicien d’Oz.


PS : n’empêche que, bien qu’elle soit exceptionnelle, Ellen Burstyn ne valait pas l’oscar qu’elle a gagné en comparaison à Gena Rowlands dans Une femme sous influence la même année, ce qui prouve s’il y avait vraiment besoin que les oscars ne fonctionnent jamais vraiment sur les meilleurs talents de l’année.

Créée

le 10 déc. 2013

Critique lue 750 fois

14 j'aime

11 commentaires

Northevil

Écrit par

Critique lue 750 fois

14
11

D'autres avis sur Alice n'est plus ici

Alice n'est plus ici
Sergent_Pepper
7

“Put in another quarter and try again...”

Festival Sens Critique 9/16. Petit objet curieux, coincé entre Mean Streets et Taxi Driver, Alice n’est plus ici sent fort le film de commande qui intronise Scorsese dans le système d’un cinéma...

le 27 déc. 2013

29 j'aime

2

Alice n'est plus ici
Mr_Jones
8

Marty doesn't make this anymore...

C'est en regardant un film comme celui-là qu'on se rend compte que Scorsese aujourd'hui, c'est du pipi de chat comparé à ce qu'il faisait dans les années 70. Même si j'apprécie et admire beaucoup le...

le 20 sept. 2011

24 j'aime

1

Alice n'est plus ici
Northevil
8

Critique de Alice n'est plus ici par Northevil

Un très beau mélange de drame social, de conte, road movie et film burlesque, porté par une actrice éblouissante. De désillusions en désillusions (un job de chanteuse associée à la rencontre d’un...

le 10 déc. 2013

14 j'aime

11

Du même critique

Quand passent les cigognes
Northevil
10

Russie, je t'aime

Décidément, j'aime et j'admire le cinéma russe. Je l'avais découvert avec Eisenstein, poursuivi avec Sokourov, Tarkovski ou encore Vertov il y a seulement 2 jours avec L'homme à la caméra, une autre...

le 11 mars 2013

48 j'aime

1

La Mort aux trousses
Northevil
10

Mon Hitchcock préféré, que dire de plus ?

Mon Hitchcock favori, et le premier que j'ai vu de lui (relation de cause à effet, qui sait ?) En tout cas, j'ai passé un moment excellent en compagnie de ce Cary Grant formidable, aussi bon dans...

le 25 mai 2012

44 j'aime

11

Spring Breakers
Northevil
9

Fluorescente adolescence

Je dois avouer que, comme beaucoup de gens je pense, la première fois que j'ai vu la bande-annonce de ce film, je ne m'attendais pas à découvrir une œuvre aussi exceptionnelle qui fait déjà partie de...

le 11 mars 2013

40 j'aime

6