Un très beau mélange de drame social, de conte, road movie et film burlesque, porté par une actrice éblouissante.
De désillusions en désillusions (un job de chanteuse associée à la rencontre d’un homme à fuir, puis un job que l’on voudrait fuir associé à la rencontre d’un homme qui se veut meilleur), cette mère au rêve bien défini depuis sa plus tendre enfance va devoir faire des sacrifices afin d’avoir une chance d’accomplir ce qu’elle désire, tout en découvrant malgré le semblant de liberté qu’elle croyait avoir obtenu lors de son mari, qu’elle était plus attaché aux hommes, et surtout à l’homme en tant que conjoint, qu’elle ne voulait le croire.
Un très beau plan-séquence apparait qui arrive comme un avant gout de la célèbre séquence des Affranchis plus de 10 ans plus tard. Aussi une apparition très plaisante de Jodie Foster deux ans avant Taxi Driver et Harvey Keitel dans un personnage inquiétant de charmeur qui cache un aspect plus dangereux qui va obliger le personnage à continuer sa route et oublier son job de chanteuse. Kristofferson montre lui aussi un personnage double (mais un peu moins dangereux néanmoins, tout en amenant par contre comme le précédent que les apparences peuvent être trompeuses), possédant comme tout un chacun toujours une faille dans un personnage paraissant presque « parfait », bien qu’il possède la capacité d’évoluer, contrairement là au personnage de Keitel. L’enfant lui personnifie le côté idéaliste de sa mère, mais aussi une certaine intolérance qui fait avancer ce personnage tout au long du film.
Cette histoire belle et tragique à la fois est ponctuée par des passages burlesques hilarants du plus bel effet parfaitement maitrisés, un humour poétique traversant le film de part en part et qui permet une certaine légèreté bienvenue en l’empêchant de sombrer dans un sordide qui aurait pu facilement arriver. Une très belle fable donc quelque peu désenchantée par moments, parfaitement orchestrée, montrant de la part de Scorsese un très bon directeur d’acteurs, en plus d’un excellent metteur en scène, comme on le voit dans la scène d’ouverture esthétiquement superbe qui rappelle un peu Le magicien d’Oz.
PS : n’empêche que, bien qu’elle soit exceptionnelle, Ellen Burstyn ne valait pas l’oscar qu’elle a gagné en comparaison à Gena Rowlands dans Une femme sous influence la même année, ce qui prouve s’il y avait vraiment besoin que les oscars ne fonctionnent jamais vraiment sur les meilleurs talents de l’année.