Asperge le mytho
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le 12 mai 2017
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Mine de rien, Alien est l'une des rares sagas cinématographiques à n'avoir été traitée que par des réalisateurs talentueux et à pouvoir se targuer de n'avoir fait l'objet que de bons films (j'encule le premier qui me parle de Paul WS Anderson et de son Alien vs Predator). Ridley Scott, James Cameron, David Fincher et Jean-Pierre Jeunet ont tous les quatre dirigé l'un des opus de la tétralogie désormais culte, avant que Ridley Scott ne revienne finalement à la barre en 2012 réaliser le prequel injustement décrié Prometheus. Bien que je lui préfère les quatre premiers Alien, Prometheus avait le mérite de proposer quelque chose de radicalement différent, et c'était avec impatience que j'en attendais la suite.
Mais Prometheus en a laissé beaucoup sur le carreau, et nombreux sont les spectateurs à avoir râlé contre ce prequel finalement bien loin de la tétralogie originale. Pas assez d'Alien, trop d'Ingénieurs... qu'à cela ne tienne, Prometheus 2 s'appellera finalement Alien : Covenant, et se débarrassera de presque toutes les nouveautés de Prometheus. Toutes les promesses de la fin de Prometheus sont donc balayées au détour d'un malheureux flash-back et de quelques dialogues, les nombreuses questions posées tombées aux oubliettes, et le personnage de Shaw passé à la trappe. Seuls rescapés de toute l'aventure Prometheus : le personnage de David et le thème de la Création... Soient les deux points forts de cet Alien : Covenant.
Nous ne saurons donc probablement jamais qui étaient les Ingénieurs, pourquoi nous ont-ils créé, et pourquoi ont-ils voulu nous détruire, toutes ces questions sont sacrifiées par la nouvelle direction prise par ce Covenant. Dommage ? Un peu, c'est vrai. Si Prometheus était imparfait, il soulevait de bonnes idées, et promettait beaucoup pour la suite. Mais Covenant, à défaut de poursuivre sur les Ingénieurs, prend une nouvelle direction assez fascinante et ne se concentre finalement pas tant sur les aliens que sur un troisième personnage : l'androïde David - l'une des principales réussites et seul rescapé de Prometheus, donc. L'androïde, démiurge, maléfique, fascinant, pervers, est finalement le personnage principal du film. D'autant plus qu'il est confronté à son double, interprété lui aussi par Michael Fassbender.
Dans ce double-rôle, l'acteur est impeccable de charisme, et écrase sans forcer tout le reste du casting - assez peu mis en valeur, il faut bien l'admettre. Présentée comme la digne héritière de Ripley, Katherine Waterston est finalement bien fade, et loin de Sigourney Weaver ou même Noomi Rapace. Billy Crudup, Danny McBride et Demian Bichir s'en tirent honorablement, et tous les autres font de la figuration (faut pas cligner des yeux si vous voulez voir James Franco, vous voilà prévenus). Les personnages humains sont en fait presque tous interchangeables et inintéressants, et n'ont pour but que de servir de chair fraîche aux aliens (ce qui n'est pas déshonorant en soit). Mais qu'importe, vu que le vrai héros, et le seul personnage qui semble intéresser Scott, c'est David. C'est évidemment lui qui s'offre toutes les meilleures scènes du film, allant même jusqu'à voler la vedette aux aliens.
Toute la partie dans l'antre de David, les dessins au mur, les fœtus de néomorphes sur les tables, le corps disséqué de Shaw et l'autel qui lui est dédié, les oeufs de xénomorphes... c'est fascinant !
Le film s'appelant tout de même Alien, un petit mot sur le bestiaire du film : le deacon, apparu à la fin de Prometheus, est, sans surprise, absent. A la place sont présents le traditionnel xénomorphe bien sûr, mais aussi le petit nouveau néomorphe. Et ce dernier est vraiment une réussite. Moins terrifiant et sophistiqué, mais bien plus crade et vicieux que son grand frère, il s'offre quelques belles scènes d'horreur.
Les accouchements par le dos ou la gorge sont génialement dégueulasses, quand la naissance du premier xénomorphe devant les yeux de son créateur est juste sublime.
Enfin, le film reprend et développe la réflexion assez passionnante autour de la création, et du rapport entre le créateur et son oeuvre, au détour de plusieurs scènes et plusieurs dialogues très réussis.
Pour autant, le film n'est pas parfait, et souffre toujours de certains des défauts de son prédécesseur (les humains sont cons comme des manches à balai, encore une fois), et de certains CGI étonnement foireux, mais grands dieux, ce serait mentir de dire que je n'ai pas pris mon pied devant. Plus qu'aucun autre Alien, le film est nihiliste, sanglant et particulièrement cruel avec ses personnages. Le tout enrobé avec la mise en scène impeccable de Ridley Scott et la partition efficace de Jed Kurzel. Je dis oui.
Bref, ce Alien : Covenant est une bonne surprise. Le film va sûrement se faire massacrer, mais pour ma part, j'aime beaucoup la direction que prend la saga. Covenant parvient à enrichir intelligemment la licence (qui n'en avait certes pas besoin) en lui offrant des origines audacieuses et en élargissant son univers de manière vraiment sympa. Nouvelle réussite pour Ridley Scott et nouvel opus de qualité pour la série Alien. Et en plus, ça permet de bloquer le projet d'Alien 2.5 de Neill Blomkamp. Si c'est pas beau !
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Créée
le 10 mai 2017
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3 commentaires
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