Ah, OSS 117 3… un film que j’aurai attendu comme j’en ai attendus peu. Douze ans maintenant que je le réclamais, le rêvais, le fantasmais… Bien sûr, la route fut semée d’embûches. Ce furent d’abord de longues années de tergiversations de la part des principaux intéressés puis, dans la foulée de l’annonce officielle du film (enfin !), le départ du réalisateur des deux premiers opus tant aimés : Hazanavicius quittait le navire, lui préférant un obscur Prince oublié – un nom tragiquement prophétique pour un film dont effectivement plus personne ne se souvient un an après sa sortie.


Hazanavicius parti, vint alors l’angoisse de l’attente du nom de son successeur. Qui pour reprendre le flambeau ? Qui pour assumer le défi impossible de réaliser la digne suite des deux premiers opus adorés ? Ce sera, à la surprise générale, le jeune réalisateur Nicolas Bedos qui endossera finalement le rôle. Chance, il s’avère rapidement – après un petit rattrapage de sa très courte filmographie – que le bonhomme est en fait un scénariste et réalisateur de qualité. Sa collaboration avec Jean Dujardin et Jean-François Halin nous promet ainsi un avenir radieux.


Quelques annonces de casting, affiches et bandes-annonces – toutes très rassurantes – et deux reports plus tard vient enfin la sortie tant attendue du film. Nous sommes en août 2021 et ça y est, OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire sort enfin. Il est temps pour moi d’affronter le résultat de ces douze ans d’attente.


Et alors, ça vaut quoi ?


Eh bien le film m’a plu.


Ce troisième OSS 117 m’a pourtant assez déconcerté, à plus d’un titre. J’avais beau savoir que Bedos n’était pas Hazanavicius et que les années 80 n’étaient pas les années 50/60, je crois que j’espérais pourtant intimement retrouver les deux premiers opus dans ce troisième. Sauf que Bedos n’est pas là pour singer ni Hazanavicius ni les deux premiers volets et qu’il s’est vraiment réattribué le bébé. Et ça, le film l’annonce très rapidement, dès son introduction puis son générique d’ouverture. Bedos a fait un OSS qui lui ressemble et qui ne ressemble pas aux deux premiers. Et j’ai eu du mal à l’accepter, attendant finalement presque tout le film qu’il se remette sur les rails des deux premiers opus, alors même que j’avais rapidement compris qu’il ne le ferait pas.


Le film de Bedos est beaucoup plus calme, beaucoup moins pop et moins tapageur que ses deux prédécesseurs. A l’image de son héros d’ailleurs, largement moins flamboyant et arrogant. Hubert a vieilli, ne bande plus, s’essouffle à la course… en deux mots, il a perdu de sa superbe. Et ça infuse le film. Il s’en dégage vraiment un autre ton, il est moins classe mais aussi moins fun, moins parodique, moins coloré, moins cinglant. Les deux premiers films étaient des réservoirs à mèmes, je pense que celui-ci le sera beaucoup moins. Pas que le film manque dramatiquement de répliques drôles (j’en ai déjà adopté une poignée qui m’ont fait pleurer de rire), mais il est résolument moins « rigolo » que Le Caire et Rio. Et là où eux criaient « pastiche » à presque chacune de leurs scènes, celui-ci prend les atours beaucoup plus sobres d’un film d’aventure contemporain. Le film est plus long, plus dense, le ton plus désabusé. On sent que Bedos a pris le truc au sérieux mais qu’il n’a pas cherché à réaliser une grosse poilade.


Ceci étant dit, les plumes conjuguées de Halin et Bedos n’ont pas démérité. Chaque scène, chaque échange contient, si ce n’est une réplique bientôt culte, un échange, une vanne, une expression, un bon mot qui fait sourire. Les dialogues sont globalement délicieux et là-dessus l’honneur est sauf. J’ai déjà envie de le revoir et je pense que c’est bon signe. D’autant plus que la mise en scène de Bedos est assez élégante, et sa bande-son aussi. J’avoue que j’avais fait la grimace lorsque j’ai vu que Ludovic Bource n’était pas reconduit à la partition et que Bedos l’assurerait lui-même mais ça va, le film a son lot de thèmes sympas (mais pourquoi diable le thème principal du Caire Nid d’espions pour le générique de fin ?).


On aura tout lu et son contraire concernant l’humour du film et son niveau d’impertinence. Les uns trouvant que le film était trop timoré/castré par rapport aux deux premiers, les autres le trouvant problématique/blabla… Personnellement, je n’ai pas trouvé le film significativement plus sage que les deux premiers. Non, chaque blague glissante n’est pas désamorcée dans la foulée ni ne fait l’objet de plates excuses et/ou vilaines remontrances… en tout cas pas plus que dans les deux premiers films, qui voyaient déjà Hubert se faire renvoyer dans les cordes par certains personnages offensés. Là-dessus, le film n’est pas moins « courageux » que ses prédécesseurs. Et après les musulmans et les juifs, c’est au tour des Noirs de faire l’objet de quelques blagues bien senties.


La fin aussi divise, visiblement.


Je n’y ai vu aucun cliffhanger, aucune annonce intempestive de suite ni aucune tentative particulière de marvelisation de la franchise, comme certains. La mission est menée à bien, OSS rentre au bercail et Armand lui annonce qu’il repart de suite pour une prochaine mission, connectée à la première. Armand envoyait Hubert en Iran à la fin du premier puis en Chine affronter monsieur Lee à la fin du second. Et personne ne s’est attendue à une suite en Chine. Donc je ne vois pas pourquoi il faudrait particulièrement s’attendre à une suite en URSS à la fin de celui-ci. Le prochain pourrait très bien se dérouler en Thaïlande ou en Grèce dix ans plus tard que je n’y aurais aucun sentiment d’inachevé concernant ce troisième opus. L’affaire est close. OSS a été envoyé mater la rébellion, il l’a fait. Qu’importe que Zéphyrine soit en fuite. Bamba est réélu.


Et d’ailleurs, je ne m’attendais pas du tout à cette conclusion.


Je ne m’attendais pas à ce que le dictateur reste en place et que Zéphyrine perde/la résistance soit matée. J’avoue que la résolution est cruelle. La scène finale dans le palais présidentiel où Hubert se rallie au dernier moment au président et « trahit » Zéphyrine m’a un peu choqué. Il n’y avait aucune ambiguïté morale dans les deux premiers opus, qui voyaient les méchants désignés être des méchants très méchants (puisque des terroristes islamistes ou des Nazis) mais ici, les « méchants » sont des rebelles avec leur tête une chef humaniste ; et le type à protéger une ordure. Or Hubert soutiendra jusqu’au bout l’ordure. C’est un choix gonflé et surprenant.


Bref. Le film m’a déconcerté. Plu mais aussi un peu déçu. Et surpris, positivement, par certains aspects. Ce n’est définitivement pas le OSS 117 que j’attendais mais je suis tout de même satisfait du résultat. J’ai maintenant besoin de le digérer. Mais déjà envie de le revoir.


Et je vote pour un quatrième opus. N’importe où, n’importe quand.


Pour le Général.

ServalReturns
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le 4 août 2021

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