Alipato, brief life of an ember était bizarrement décrit comme la vie d'un gang d'enfants dans un bidonvilles de Manilles et pas comme une baffe cosmique inespérée. Démarche quasi documentaire blindée d'humour noir, quelque part entre La cité de dieu, El Topo et un Wes Anderson, écrit, réalisé, monté, mis en musique et interprété par Khavn, Alipato est le genre d'œuvre totale à mi chemin entre ciné et art contemporain, distribuant des images aussi fabuleuses que cruelles du fond de son bidonville.
Alipato est aussi le genre de film que tu fais pas quand tout va bien, quasiment chaque scène m'a fait penser que ça aurait tellement pas pu être tourné en France : entre les enfants de 4 ans clope au bec, les amputés, les cadavres au milieu d'une classe de maternelle et un abattoir filant une tourista monstre rien qu'en le voyant, le monde d'alipato est aussi sauvage que désespéré. Critique virulente de sa société où tout semble condamné à commencer et à finir mal, le récit marque de par sa justesse même si ses ellipses risquent d'en paumer plus d'un. De même le parti pris de composer le film d'une succession de plans séquence en laissant une part belle à l'improvisation peut faire penser à un gimmick répétitif mais pour moi il fait partie intégrante de la démarche naturaliste de Khavn, même si certains plans s'étirent un peu ou virent à l'absurde, avant tout un moyen d'atténuer la violence visuelle, physique et morale du microcosme de la décharge. Dur de se dire que le bonhomme en est à son 47eme long tellement alipato respire le cri du cœur.
Faut adhérer à la démarche baroque mais c'est une bobine qui ne laisse pas indifférent.