#Alive dit quelque chose du rapport qu’entretient le jeune Coréen avec la technologie, une technologie qui scande son quotidien depuis le réveil jusqu’au coucher en passant par les jeux en ligne, la publication de vidéos sur les plateformes, les écrans de télévision et de tablette tactile etc. L’environnement domestique de Joon-Woo est essentiellement numérique, et le long métrage a alors l’intelligence de raccorder cette vie menée « à distance » à l’urgence matérielle et physique de l’épidémie, perçant la bulle dans laquelle vivait l’adolescent pour penser l’espace en termes de dangers : sortir devient une expédition nécessitant un équipement spécifique et une vigilance accrue.
C’est dire que la connexion au monde s’effectue par le prisme de la violence et du cannibalisme, comme la métaphore d’un âge adulte qui vampirise la jeunesse pour mieux l’uniformiser – en témoignent d’ailleurs les nombreux zombies en costumes et chemises, tout droit sortis du bureau. Toutefois, le numérique et la distance ne sauraient être condamnés, puisque face à eux se dresse et s’agite un humain aussi désarticulé que vorace ; ce sont eux qui permettent la rencontre de Joon-Woo et Yoo-Bin, la technologie rendant possible la communication lorsque le déplacement est déconseillé. Aussi #Alive brosse-t-il à grands coups de haches et du club de golf le portrait d’une jeunesse confinée dont les échanges entre immeubles ne sont pas sans rappeler certaines scènes similaires dont la Corée a été le témoin en pleine crise du Coronavirus.
Une telle actualité ne saurait laisser indifférent, mais ne doit pas non plus divulguer l’aspect convenu de cette invasion qui peine à articuler l’horreur et le burlesque, forçant souvent le décalage de tons. Et si la réalisation est soignée, si le rythme est efficace, ils ne proposent que peu d’idées de mise en scène véritablement fortes, exception faite de plans filmés en drone qui échelonnent, à mesure que l’appareil remonte vers le haut de la tour, différentes scènes de la vie conjugale des monstres. Voilà donc un petit film bien troussé et honnête que le propos de fond et la générosité gore placent au-dessus de la moyenne et bien au-dessus de Peninsula, autre actualité zombie 2020. Surtout, il déplace le cliché du geek avachi sur son écran : comme démultiplié en créatures cannibales, le geek sort de sa chambre et devient le héros des jeux vidéo auxquels il s’exerçait tant, devenus réels le temps d’une invasion.