Au moment de l'écriture, Guy Laurent a bien conscience que son scénario est un poil plus branlant que d'habitude. Il n'a pas retrouvé la formidable verve de qui avait fait le sel de Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu, Star 80 ou l'élève Ducobu.
Mais Fabien Onteniente, le génial et célèbre réalisateur de Camping, Turf et Jet Set, est aux abois et a besoin d'un script, coûte que coûte. Vu que tout ceci n'est jusque là pas très consistant, ils décident d'appeler Franck Dubosc, interprète inoubliable de Boule et Bill, Disco, Fiston ou SMS, pour qu'il puisse y ajouter sa patte, reconnaissable entre mille.
Ils se disent que des projets sont parfois mieux nés, mais bon… au fond, on sait jamais.
Après une soirée sans doute encore plus arrosée que d'habitude, le trio présente le fruit de leurs efforts combinés à Vivien Aslanian, talentueux producteur de Rock'n'roll, Raide-dingue ou Marseille.
Ils lui avouent que c'est cette fois légèrement à chier, mais que ça va peut-être suffire à renflouer leur comptes en banque respectifs, à défaut de leurs cotes. Puis bon, ils ont pas écrit un truc qui se passe à Roubaix, hein ? La Guadeloupe, au pire, ça fera des vacances…
Boaf, au fond, on sait jamais
Vivien Aslanian lit le script, se dit que c'est en effet complètement pourri, mais qu'avec le système des co-productions croisées, la participation des télés, et surtout le fonds de soutien au cinéma du CNC, ça devrait pouvoir assurer le steak, sur un malentendu. Tout en fredonnant un air d'Adjani (♬ J'ai touché les fonds de la piscine ♪), il appelle quatre potes et lance la production. Ce genre de projets, c'est rarement à fonds perdus. A ranger dans le dossier "toiles de fonds".
Zou ! Au fond, on sait jamais.
François-Xavier Demaison, Balasko et Lhermitte ont bien conscience qu'il ne sont plus à un accroc près dans leur carrière. Finalement, le seul risque, c'est que ça fasse un hit. On en a vu, dans ce pays, des bousins innommables faire des cartons. Les anciens du Splendid sont à un âge où on pense surtout aux enfants et petits-enfants. (Thierry pense à la qualité du film, à son mode de financement, puis à ses enfants. Et finit par se dire: "Les fonds bâtissent maux, haha.")
Allez, au fond, on sait jamais.
Le monteur et toute l'équipe marketing, se disent que parfois, leur boulot est plus délicat que d'autres. Mais ça ne sera pas la première fois qu'ils essaient de transformer une citrouille en carrosse, le temps d'une bande-annonce. Et puis ça permet de manger.
Finalement, au fond, on sait jamais.
Le public s'est longuement tâté. C'est important de pouvoir se détendre après une journée de boulot. Aller au cinéma pour se lâcher un peu, pas se prendre la tête. Mais quand même, les premiers retours sont encore plus désastreux que d'habitude. Cette fois, ça semble refouler de manière particulièrement désagréable. Même pour les fans de Camping. Et ceux de Benjamin Biolay.
Le film fera 3 fois moins de recettes que son budget de départ.
Mais c'est pas grave. Fabien Oteniente tentera en 2020 de se refaire la cerise avec un projet appelé 100% bio, dans lequel Didier Bourdon joue un boucher basque.
Au fond, tout au fond du cinéma français, en fait.., on sait toujours.