Punk-rock, état communiste, syndicat solidaire Polonais (Solidarność), années 80, tout est réuni pour faire de All That I Love un film culte, celui d'une génération perdue, dans une époque de changement pour la Pologne.
Pologne, 1981. Janek (Mateusz Kosciukiewicz) est le leader d'un groupe de musique punk, All That I Love (WCK pour Wszystko, co kocham en version originale). Jeunes et sans influence, ils n'attireront pas l'attention des autorités, hormis celle de leurs parents, inquiets par ces paroles anti-communistes. Les temps changeant et le syndicat solidaire Polonais devenant imposant, leurs leaders seront traqués puis emprisonnés. Le père de la petite amie de Janek fait partie de ce syndicat, alors que le sien est militaire. Comment surmonter ce fossé qui les sépare ?
Le film puise son inspiration dans le punk, et il le fait bien. Mais comme une envie de se débarrasser des clichés, il nous présente rapidement le groupe pendant une répétition, puis leur sélection pour faire partie d'un festival, et ce dès la première demi-heure. Ensuite, le véritable fond social, politique et émotionnel se déploie, pour nous servir un récit profond, pertinent, et de grande envergure, centré sur le passage à l'âge adulte d'une bande de jeunes marginaux dans une Pologne, qui tout comme eux, subit des bouleversements importants. La Pologne était à cette époque profondément communiste, et c'est en hiver 1981, pour rétablir l'ordre, que le général Wojciech Jaruzelski déclarera la loi martiale, arrêtant notamment la plupart des leaders de ce syndicat dissident.
La grand-mère de Janek se meurt, il devient la cible d'un policier qui veut faire couper court à son groupe dissident, sa petite amie le quitte, mais il ne baissera jamais les bras, soutenu par sa famille et ses amis, et mu par une force perpétuelle, symbole d'une jeunesse en pleine rébellion.
Toutes les scènes sont fortes et touchantes, déployant un vaste panel d'émotions, que ça soit l'amour, la haine, la colère, ou le désarroi, qui vous prennent aux tripes, sans jamais non plus sombrer dans le mélodramatique, et sans cesse soutenues par une photographie resplendissante, ainsi qu'une mise en scène et des acteurs d'une justesse sans faille. S'ajoute également une bande-originale somptueuse, composée par Daniel Bloom, auteur inconnu, si ce n'est pour le travail qu'il avait fait sur Tulipany.
Bref, All That I Love, s'il se révèle être un drame socio-politique, garde malgré tout son fond punk, qui tout en nous montrant les devants de la scène, nous dépeint également un contexte passionnant, et ce pour mieux nous faire comprendre l'implication qu'ont ces jeunes dans leur musique, leurs motivations, et surtout son importance — un exutoire, mais aussi, et surtout, une arme pacifiste. Une véritable ode à la liberté d'expression, de penser et d'aimer. Les paroles du groupe sont simples, « Je ne veux pas encore mourir, la seule pensée montant au ciel: ce dont nous avons besoin, du pain ! » et reflètent la pauvreté et le mal de vivre d'une jeunesse qui envie les pays capitalistes qui s'en sortent bien mieux — tout du moins selon l'image qui leur était renvoyée.
Pour conclure, les amoureux de musique engagée mêlée à un fond de réflexion seront aux anges, tout comme ceux auxquels l'idée de suivre l'évolution de jeunes d'une Pologne en pleine révolution intéressent. Les allergiques aux guitares électriques et grosses caisses n'auront rien à craindre, la bande-son étant majoritairement menée par une musique classique des plus plaisantes, rien de rébarbatif, en somme.
Mention spéciale à Mateusz Kosciukiewicz, surnommé le « James Dean polonais », taillé pour ce rôle d'une simplicité complexe. Son style plait, il s'implique dans son rôle, communiquant parfaitement rage, désinvolture et passion. Un grand BRAVO.
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