Ce qui me séduit le plus là-dedans c’est peut-être bien le sort réservé au couple Vimala Pons / Anders Danielsen Lie perdu dans une intrigue tellement secondaire que leur histoire (passée, car on comprend qu’ils sont séparés) est à peine esquissée. On aimerait donc en savoir davantage que cette affaire de chaussures, mais la gêne qu’il affiche, les larmes qu’elle tente de masquer, c’est quelque chose de très beau, de presque garrelien, frustrant mais beau, osé dans la mesure où le cœur du film ce sont ces deux enfants – qui sont aussi les deux enfants de l’auteur dans la vie – et qu’il s’en tient : Les émois des grands, le film s’en moque. Allons enfants donne à suivre leur expérience chacun de leurs côtés (puisqu’ils se perdent lors d’une partie de cache-cache) selon un montage alterné plutôt équilibré, laissant à chacun le temps d’occuper l’espace, à chaque situation le temps de s’étirer. Il vaut mieux ne pas trop s’attarder sur le pourquoi de leur solitude/séparation, le film faisant alors vite office de procès aux nounous, gardiens, policiers, chauffeurs de taxi et plutôt donc y voir une sorte de film à hauteur d’enfant, qui tente de jouer sur la peur d’enfants (et non la nôtre d’adulte) en y parvenant plutôt bien, tout en se logeant dans la continuité errante du Petit fugitif, du Ballon rouge, de Rentrée des classes ou plus récemment du beau Takara. Il lui manque sans doute un peu de poésie, c’est tout. Le film tient par sa durée (un peu plus et ça devenait long) et la caution « trop mignon » de la petite fille. Et aussi parce qu’on y voit beaucoup le parc de La Villette. Bref, un « court » (59 minutes, tout de même) bien plus intéressant que Terre battue, le seul long de Stéphane Demoustier.