Un jeune homme, fils d'un adjudant qui a fait la Première Guerre Mondiale, est sommé d'aller dans une école militaire. Profondément antimilitariste, c'est un adolescent forte tête qui en donne à découdre à ses supérieurs mais qui, paradoxalement, se révèle être un excellent élève. Mais il a d'autres envies en tête, la littérature et le cinéma, et de retrouver sa petite amie dont il a été séparé.
Dans ses mémoires, Yves Boisset dit que Allons z'enfants est le meilleur film qu'il ait réalisé. C'est peut-être aussi celui qui est le plus grand public, malgré la patte du réalisateur qui est encore là. Il était bien entendu trop jeune pour avoir fait la guerre, mais on y retrouve dans ce jeune homme joué par Lucas Belvaux (qui sera lui aussi un cinéaste de talent) l'insoumission, le refus de l'autorité ainsi que l'amour de la littérature et du cinéma. Le film n'est pas vraiment contre les institutions militaires, mais montre davantage à quel point ce garçon a perdu son innocence, en étant victime de sa vie, où tout a été programmé d'avance par son père, formidablement joué par Jean Carmet.
Mais surtout, c'est une histoire poignante ET très bien réalisée : le réalisateur a pu avoir les moyens dont il disposait, avec de très beaux plans de grues, d'excellents acteurs (on peut rajouter Jean-François Stévenin et Jean-Claude Dreyfus), mais aussi la lumière très particulière de Pierre-William Glenn qui donne au film cet aspect noir et blanc en couleurs, où tout a l'air gris.
Pour la première fois, le réalisateur a ainsi pu rajouter de l'émotion, notamment dans le conflit intérieur qui semble ronger ce jeune soldat, qui semble de plus en plus renfermé, et qui a comme seul soutien son professeur de français qui va l'encourager à devenir réalisateur. Jusqu'à ce que la déclaration de guerre de 1939 éclate...
Le demi-échec de Allons z'enfants semble avoir marqué un coup d'arrêt dans la carrière d'Yves Boisset, lequel se tournera vers des films plus traditionnels dirons-nous, ce qui explique que celui-ci est assez méconnu dans sa carrière, mais je ne peux que le recommander