Almanya apporte une vision de l'immigration qui est une bouffée d'air frais particulièrement agréable au milieu de tous les discours nauséabonds du moment. Ce film reporte le brassage de cultures au rang d'enrichissement, et non pas de handicap, revalorise les immigrés turcs et montre leurs enfants autrement que comme des fouteurs de brin dans un gentil pays - qui était bien content d'avoir leurs parents dans les années 1960. Bien loin des "Döner-Morde" ("meurtres-kebab", élu Non-mot de l'année 2011) et de la déshumanisation qui y est liée, on suit avec plaisir l'histoire de la famille Yilmaz, entre les paysages turcs et la modernité allemande. C'est parfois un peu gentillet, notamment dans le ton adapté via la narration, mais je pense que cela fait partie de l'esprit du film, qui se démarque ainsi par sa fraîcheur et ses personnages attachants. Ou auxquels je me suis du moins attachée, au fur et à mesure que je m'y reconnaissais et que je les accompagnais dans leurs passages du rire aux larmes. D'ailleurs, ayant lu que le film était plein de stéréotypes, j'en suis venue à la conclusion que je devais être un cliché ambulant. Ou que la quête d'identité dans un contexte multiculturel passe par certaines étapes incontournables.