Bon, j'ai fini par me décider à regarder ce second docu de Justin Folk avec Matt Walsh. C'est pas brillant.
Comme pour "What is a woman?" on peut apprécier le fait que les deux auteurs ouvrent le débat sur un sujet intéressant : à savoir ici, le fait qu'aux USA (mais en Europe aussi on commence à être comme ça) on est sans arrêt en train de tout remettre en cause et à chercher la petite bête. Effectivement, nous vivons une époque où il est compliqué de dire quelque chose sans risquer la polémique, et il est encore plus difficile d'en parler. Prenons par exemple le sujet de la pédophilie. Personne dans la vie de tous les jours ne veut en parler, on ne peut pas essayer de comprendre un pédophile sinon on est soi-même un détraqué. Ici ça parle de racisme et il est vrai que ça va un peu trop loin ces histoires d'excuses, d'auto flagellation que certaines personnes préconisent. Et les deux auteurs n'ont sans doute pas tort lorsqu'ils disent que certaines personnes se font du fric avec ça (y a qu'à voir combien les auteurs se sont fait).
Le souci, et c'est ici encore plus flagrant qu'avec leur précédent essai, c'est que les auteurs ne cherchent jamais à développer ni à comprendre ces gens. Au contraire ils arrivent avec leurs gros souliers, ne prennent jamais les gens au sérieux, leur rient au visage et après font comme s'ils ne comprenaient pas leurs réactions. Ho ben oui pourquoi j'ai été viré d'un groupe après m'être fait passer pour un autre et en interrompant non stop les gens pour balancer des phrases caricaturales. On sent qu'ils ont voulu reprendre ce qui a fait marrer les fans du premier film mais en allant plus loin. Et faire de cette mauvaise foi un concept mais qui n'aboutit à rien, ben ça n'a pas vraiment d'intérêt. Car au final, le développement est bien trop puéril pour y accorder de l'intérêt. C'est dommage car il y avait là un sujet intéressant à explorer autrement qu'en s'en manquant pendant 1h30. Comme sketche de 10 minutes ça serait mieux passé.
Mais est-ce drôle de toutes façons ? Pas tellement. Walsh n'est pas un bon comédien, et même s'il est à l'aise pour retourner les arguments des gens contre eux (toujours avec des amalgames, un jeu de mots qui fait que si ses interlocuteurs ne sont pas bien armés ils tombent dans es pièges rhétoriques et s'embourbent), il est par contre nul pour faire rire, tirer de l'humour de ce qu'il fait. Sans doute parce qu'il y a une forme de non respect et surtout aucune réelle autodérision. Ce qui rend un Will Ferrel fort, c'est qu'il passe toujours pour le connard. Walsh lui a plutôt tendance à donner l'impression que ce sont les autres les connards et lui la victime incomprise.
Le plus gênant c'est qu'il revient à la charge avec du sérieux. Il aurait pu au moins juste jouer au con, mais il décide d'aller voir des gens qui pensent comme lui, qu'il n'y a pas un racisme systémique, que tout va bien, et ces gens là, bizarrement, il ne s'en moque jamais comme des autres. On vire presque au feel good moment dans ces scènes : des gens simples qui ont la raison.
Ce qui est quand même flagrant avec cette équipe, c'est qu'ils vont d'office interviewer n'importe qui. De temps en temps des gens 'compétents' mais pas trop, ou bien des gens 'normaux' mais pas trop non plus. Il y a clairement un manque de neutralité dans le choix des intervenants.
Niveau mise en scène, là aussi l'équipe a voulu en faire plus : on a droit à de la fiction pour faire rigoler, mais ce n'est pas très bien foutu... le reste du docu est correct, mais ça sent tellement le montage pour aller dans le sens des auteurs qu'on n'a jamais vraiment confiance dans ce qu'on voit, surtout que peu de gens sont floutés et ça me paraît plus qu'étranges qu'ils aient accepté de se montrer ; après, Sacha Baron Cohen l'a fait aussi, mais ses intervenants sont un peu plus stupides et ils pensent vraiment participer à un projet qui les encense... ici, clairement les gens n'aiment pas Walsh et Folk. Donc je ne sais pas comment ils s'y sont pris. P'tet un papelard assez flou signé au préalable vu qu'il y a toujours un souvent un dispositif particulier.
Bref, pas vraiment accroché. Le film est plus doué pour expliquer ce qu'est la mauvaise foi que le racisme des américains.