L'enfance nue

Un de ces (nombreux) films qui ont peine à exister aussi bien médiatiquement que cinephiliquement malgré leurs labels prestigieux de figures de proue des grands festivals (en l'occurrence ici Cannes, Semaine de la critique). Un de ceux qui pourtant font office d'œuvres démiurgiques dans un flot de sorties discontinues chaque semaine, noyés dans la masse des grosses locomotives qui n'ont de cinéma que le nom, tandis que la forme et plus encore le fond tendent à disparaître aux profits des "marques" industrielles.

Car ce qui se joue au sein de ce poème filmique est bien plus organique et cérébral qu'une simple récitation scénaristique de plus en plus courante dans ces récits linéaires auxquels nous sommes couramment habitués. S'y fabriquent de la fraternité autant que de la douleur, des embarquées lyriques autant que du "réalisme" instinctif, des rêves d'enfances aussi bien que des cauchemars d'adultes. Aucun surplomb moraliste du second au premier, pas plus qu'un prétexte au ripolinage habituel des us et coutumes de l'âge prétendument ingrat.

De l'émotion, des sensations, des souvenirs éprouvés tout au long de ces quelques 80 minutes qui passent comme une lettre à la poste devant la précision revigorante de cette aventure flibustiere sous les rudes dorures d'un Cap Vert renaissant. En un mot comme en cents, une pépite rare donc indispensable!