Ouragan basque
Petit aparté linguistique. On ne voit pas des films en langue basque tous les jours, et mine de rien, c'est à mettre au crédit d'"Amama" (qui signifie "grand-mère" dans la région de Bilbao). Rarement...
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le 25 juin 2016
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Petit aparté linguistique. On ne voit pas des films en langue basque tous les jours, et mine de rien, c'est à mettre au crédit d'"Amama" (qui signifie "grand-mère" dans la région de Bilbao). Rarement on a l'occasion d'avoir l'impression de "presque comprendre" ce qui est dit, les sonorités sont espagnoles mais rien n'y fait, cela de na pas plus loin que des sensations familières. On croit comprendre mais sans sous-titres, on ne comprend rien.
"Amama" se place au cœur d'un changement d'aspirations entre deux générations. Les trois enfants d'une famille paysanne n'entendent pas reprendre l'exploitation familiale et se heurtent à l'inflexibilité d'un père dont la vie semble entièrement régie par le travail de la terre. Le film raconte la conciliation impossible de deux visions, de deux idéaux de vie. Cette thématique n'est absolument pas nouvelle, mais au-delà de la question des obligations filiales et des dilemmes autour de l'unité familiale, "Amama" adopte une perspective étonnante pour l'aborder.
À la naissance de chaque enfant de la famille, un arbre est planté. La grand-mère attribue une couleur à chaque nouveau-né en fonction des caractéristiques et tempéraments qu'elle pressent chez eux, et peint régulièrement les arbres : le rouge pour le travailleur vigoureux, le blanc pour le paresseux plus faible, et le noir pour la plus jeune Amaia, rebelle, la couleur du diable, etc. Cette particularité botanico-familiale est abordée d'entrée de jeu, en voix off très explicative et un peu poussive, rendant l'introduction quelque peu indigeste, rébarbative. Mais pour peu qu'on se prête au jeu, ce petit côté étrange se diffuse assez agréablement.
Non pas que les séquences frontalement métaphoriques soient vraiment réussies... Des personnages qui en traînent d'autres comme des boulets, et dont l'enracinement subi se trouve matérialisé par la présence d'épaisses cordes qu'ils tirent : on a déjà vu plus subtil. Mais en fermant les yeux sur ces excès, on peut mieux les ouvrir ailleurs et se concentrer sur le personnage de la grand-mère. Une personne magnifique, silencieuse, comme souveraine, symbole d'une époque révolue et source d'une aura mystérieuse. Une présence étrange qui permettra à tous de dépasser in fine les conflits qui déchirent la famille.
[AB #98]
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Créée
le 25 juin 2016
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