Depuis maintenant plusieurs années, je me pose et je me cale sur la carrière d’un artiste, et le plus souvent d’un cinéaste. J’ai ainsi découvert les Méliès, Truffaut, Cocteau, Buñuel, Sautet, Gray, Verhoeven et Scorsese. Je n’ai actuellement pas vu tous leurs films mais je suis capable d’en distinguer les thèmes de prédilection et les ‘tics’ de réalisation.
En cette année 2020 (et pour la première fois sur Senscritique !), j’ai décidé de me pencher sur l’Inattaquable. Le féru des effets spéciaux. Le maître incontesté du divertissement. Celui par qui une simple histoire se fait magie. Vous l’avez deviné ou senti, du moins je l’espère, Steven Spielberg, qui possède une filmographie impressionnante (170 films produits, tournés, réalisés…), va être passé au crible par mes yeux et mes oreilles. En tant que réalisateur dans un premier temps (puisqu’il a produit la majorité de ses réalisations). Je vais également tenter de me pencher sur les rencontres de Spielberg avec son cinéma.
« Firelight », « Amblin », « Duel », « Les dents de la mer », « Rencontres du troisième type », « Les aventuriers de l’arche perdue », « E.T. », « La couleur pourpre », « La liste de Schindler », « Jurassic park », « Minority report », « Arrête-moi si tu peux », « Munich », « Le secret de la licorne », « Cheval de guerre », « Lincoln » et « Ready player one » font partie de ma liste certes ambitieuse mais dont certaines critiques sont déjà mises en ligne.
« Firelight » ou l’impossibilité d’internet à me procurer le film.
Dans tous les cas, il s’agit du premier long-métrage de Steven Spielberg, alors âgé de 18 ans, qu’il finance, produit, écrit, monte et réalise, le tout pour 500 dollars. Nancy Spielberg, l’une des trois sœurs du futur réalisateur hollywoodien, joue un rôle pour les besoins du film. Anne, une autre sœur, accompagnée d’Arnold, leur père respectif, et Leah, la mère, assistent la production spielberguienne de ce film de science-fiction.
« Firelight », tourné avec une caméra 8 mm, est décidément ce film d’auteur familial qui fut le premier succès de Spielberg (le film lui rapporta un dollar). Coup d’essai, révolutionnaire, qui s’avère être une réussite, tant sur le point de vue financier, technique (plus de 300 bobines pour faire le long-métrage) et sur sa vision des extra-terrestres, puisqu’il explore ce sujet pour la première fois de sa carrière. Bravo Steven !!
Le jeune réalisateur en herbe apprend alors le métier sur le tas en travaillant notamment pour John Cassavetes qui le recrute : en 1968, il est assistant de production pour le chef d’œuvre « Faces » (avec l’immortelle Gena Rowlands).
La même année, le court-métrage « Amblin’ » sort sur les écrans, le dernier de Spielberg dans les années 60. Et Steven de reprendre ce titre pour fonder en 1981 son studio de production.
Même si l’histoire de « Amblin’ » est facile à déballer (du désert, deux ados auto-stoppeurs vont aller jusqu’au Pacifique), le futur réalisateur de « Minority report » l’emballe en un certain classicisme néanmoins réconfortant.
Entièrement muet, la musique, country, est omniprésente et facilite l’entrée en la matière. La bande-son, qui fait indéniablement penser aux Beatles des 60’s (« A hard day’s night », « Help » …), nous entraine dans les aventures de ce jeune couple inopiné formé par Richard Levin et Pamela McMyler (qu’on reverra dans « Chisum » de McLaglen). L’actrice fait follement penser à Jeanne Moreau dans le « Jules et Jim » de François Truffaut. La preuve est faite que Spielberg dirige avec naïveté le sujet, ces deux êtres cherchant la route de la liberté.
Le directeur de la photographie Allen Daviau -de l’écurie Corman, sa collaboration avec Spielberg est récompensée par le Bafta de la meilleure photographie pour « L’empire du soleil »-, par l’intensité des couleurs du soleil, vient renforcer ce sentiment de liberté. A sa décharge, les scènes d’amour sont tout bonnement exquises.
Et le metteur en scène d’appuyer le sentiment libertaire par son inventivité avec ses travellings, ses gros plans, ses plans cachés dans l’ombre, sa façon de filmer le soleil et l’ombre… .
Spielberg filme de manière brouillonne mais le porte tellement haut et avec telle frénésie que son court-métrage nous file une énergie des plus redoutables.
Pour conclure, « Amblin’ » (1968), encore produit par Anne qui termine ici sa collaboration avec son frère, marque pour les 22 ans du réalisateur, dans l’ombre d’un cinéaste épris d’aventures, un tournant dans sa carrière d’auteur.
Spectateurs, en-Spielberg-uisez vous !
A noter : Steven réalisera le premier épisode de la série « Columbo » juste avant son téléfilm « Duel » !