Contre toute attente, j'ai bien aimé le Bay nouveau. C'est pour le moment le seul de sa filmo que je n'ai pas rejeté en bloc avec Pain and Gain. Sans doute grâce un plus gros contrôle d'Universal sur le larron qui avait à priori (je ne me le suis pas infligé) était trop loin, même pour ses fans, avec 6 Underground. Pourtant tout les tics exaspérant de Boom Boom Bay sont là : montage épileptique qui donne la gerbe et brouille la lisibilité de l'action (j'ai compté sur les cinq premières minutes, où c'est d'ailleurs juste du dialogue, le plan le plus long était de cinq secondes, la grande majorité n'atteignait pas les deux secondes), écriture à la truelle de ses personnages, blagues lourdingues sur lesquelles on insiste (avec même des auto citations qui font grincer des dents), caméra qui tente d'iconiser tous les instants, rendant l'intention caduque puis normalisée... Bref, dit comme ça, ça fleure le bousin.


Mais pourtant il y a une certaine retenue dans la beauferie habituelle (il y en a, juste moins que d'habitude). Si le scénario est cousu de fils blancs, on apprécie quand même le parcours des trois personnages principaux. Si l'action est souvent illisible, quelques scènes se démarquent du lot avec un certain panache (plus ou moins grossier). Si les plans au drone n'ont aucun message à véhiculer si ce n'est montrer les nouveaux joujoux du plus vieux gamin d'Hollywood, certains réussissent à flatter la rétine. Si les personnages sont creux, leurs acteurs se font plaisir (Gyllenhaal en tête) et c'est communicatif. Si les saillies métas (l'autocitation donc) laissent à désirer, le commentaire sur le prix d'une scène de carambolage fait sourire. Si le rythme est incessant et souvent usant, il est pour une fois cohérent avec ce qui se déroule. Si la crédibilité d’une opération de la rate à 110km/h est inexistante, le high concept du film fait qu’on s’en fout et fait passer Speed pour une promenade de santé.


Enfin, si Bay est le roi du blockbuster décérébré et débilitant, il n'en est pas moins un réalisateur avec une patte, aussi clinquante soit-elle, ce qui le démarque forcément de l'aseptisation générique du film grand public de ces dix dernières années. Comme un coup de défibrillateur dans le corps inerte de la machine encrassée.

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le 24 mars 2022

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Frakkazak

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