On sent qu'Amer Béton tente des choses. Pleins même. Il expérimente une direction artistique originale, des trips visuels poussés à l'extrême, une dualité dans la relation d'amitié qui frôle le délire schizophrénique, bref, il tente. Mais n'est pas Dieu qui veut, et le pari était très risqué, au risque de perdre le spectateur dans un capharnaüm scénaristique et philosophique.
L'histoire accuse en effet le poids d'une écriture très lacunaire. Certains points relativement importants et intrigants du récit émergent à un moment du film puis sont laissés en suspens jusqu'à la fin et demeurent donc sans réponse. Les raccords se font difficilement, on saute parfois d'une situation à une autre sans trop savoir ce qui les relie ou en quoi l'ellipse est pertinente. Vous l'aurez compris tout cela est au final fort décousu, peine à nous immerger dans l'aventure et par conséquent s'attacher aux personnages devient une rude tâche. D'où le fait que lorsque viennent les moments émotions, assez évidents pour être clairement identifiés, on ne ressente que si peu d'empathie ou de compassion pour les protagonistes.
Amer béton peut cependant se targuer d'une animation sans réelle faille, colorée et vivante. Les environnements urbains ont manifestement bénéficié d'une attention toute particulière nécessaire à la contextualisation de l'aventure et il s'agit là d'un plus non négligeable. Reste que cela n'en fait pas pour moi une masterpiece mais j'y discerne certaines ébauches d'idées qu'il conviendrait peut-être d'approfondir pour donner un résultat plus consistant et qui tienne correctement la route.