Il faut reconnaitre que, techniquement et artistiquement, "Amer Béton" est ce qu'on a vu de mieux en matière d'animation depuis des lustres : un dessin absolument moderne, plus proche des canons de la BD européenne que du manga, d'une élégance qui ne se dément jamais, servie par une combinaison parfaite d'animation 2d et 3d, un univers coloré et exubérant qui ravit les yeux autant que le cœur, au service d'un scénario totalement adulte, faisant se rencontrer la SF post-punk avec le spleen des yakuzas de chez Kitano. Malheureusement, on réalise que les scènes qui se succèdent, au lieu de construire le film, produisent un effet de saturation émotionnelle, de trop plein narratif, de va-et-vient épuisant entre rationalité et spirituel. Trop riche, trop complexe, trop schématique aussi dans sa répétition de scènes lugubres, voire désespérées, "Amer Béton" devient un film malade, qui, malgré lui, contamine son public de son malaise existentiel. Au final, une expérience aussi étonnante que désagréable. [Critique écrite en 2007]