Compagnon de route des cousins Golan et Globus depuis la décennie 70's avec Lupo B'New York (1976) jusqu'au plus récent Salsa (1988) produit sous le sceau de la sacrosainte Cannon (1988), Boaz Davidson signa au début des années 90 deux films post-apocalyptiques connus des seuls initiés : American Cyborg: Steel Warrior en 1993, et deux ans plus tard, Lunarcop avec Michael Paré.


Relecture à peine voilée de la précédente production Golan et Globus, à savoir Cyborg (1989) avec Jean-Claude Van Damme, ledit American Cyborg, au titre de dernière production des studios Cannon, pouvait compter en premier lieu sur les services d'un jeune acteur prometteur (NDLR : de trente-deux ans tout de même) dénommé Joe Lara, afin de pallier l'absence remarquée des Muscles from Brussels partis vers d'autres horizons plus lucratifs. A charge dès lors pour l'interprète du téléfilm Tarzan à Manhattan de faire oublier aux amateurs de pirouettes pugilistes les performances de JCVD. Or c'était sans compter sur un scénario en béton en armé avec son quota de punks dégénérés, de vils mutants, et d'un méchant moustachu...


A l'instar des post nuke italiens qui inondèrent les cinémas de quartier au cours de la décennie précédente, American Cyborg révèle rapidement des références qui frôlent plus d'une fois le plagiat. D'une histoire recyclant à tout-va les poncifs de rigueur, le scénario coécrit par Brent V. Friedman, coupable d'un Syngenor (1990) déjà bien corsé, cache sans pudeur sa principale influence, Terminator. Mieux, nullement bridés par cet emprunt volontaire, les scénaristes ont cru bon d'y adjoindre ou plutôt de noyer leur récit dans un bouillon relevé par pléthores d'incohérences et autres éléments foutraques. Gare à l'indigestion nanar.


Composé d'une héroïne à la crédulité quasi pathologique (les scientifiques ont sans aucun doute exploité sa naïveté pour en faire un cobaye pour leurs supposées charitables expérimentations) et d'un preux chevalier chevelu passé maître dans l'art du sidekick, notre duo d'infortune doit rallier le port le plus proche afin que Mary rejoigne le vieux continent, où parait-il, les humains ont remporté la guerre contre les machines. Or notre héros, dont la première apparition fut accompagnée du plus bel effet musical, fruit des amours contre nature entre un synthétiseur asthmatique et un harmonica libidineux, ignore tout des véritables desseins de Mary, ou de l'étrange capsule qu'elle porte avec elle. Car, roulement de tambours, le tube cache en fait un fœtus... en latex, à la grande surprise d'Austin qui avait proposé ses services de garde du corps en service de quelques expédients hallucinatoires. Suivront dans le désordre une suite de quiproquos, un coup de théâtre cybernétique, des attaques de vilaines drag-queens et autres anthropophages mutants, sans oublier, le fil conducteur, une course-poursuite haletante menée par un humanoïde moustachu aux yeux lumineux, chasseur de blonde immaculée et champion dans le lancer de couvercle de poubelle.


Doté d'un budget en marge des productions Cannon 80's, American Cyborg: Steel Warrior marqua donc le chant du cygne d'un studio rentré désormais dans la légende et le cœur des amateurs de cinéma d'exploitation. Loin d'atteindre le niveau sympathiquement portnawak d'un 2019 après la chute de New York au hasard, cette série Z n'en demeure pas moins attachante. Rythmé, servi par des effets spéciaux et maquillages cheap qui ne sont pas en reste, un couple de héros niaiso-tête à claques, American Cyborg remplit dès lors le cahier des charges attendus.


Et les fans de moustachus retors devraient trouver leur compte.

Claire-Magenta
6
Écrit par

Créée

le 11 juin 2018

Critique lue 345 fois

Claire Magenta

Écrit par

Critique lue 345 fois

D'autres avis sur American Cyborg

American Cyborg
Buddy_Noone
1

Nostalgie du vidéoclub

Ceux qui comme moi aiment le cinéma depuis l’enfance et ont grandi durant les années 90 ont peut-être eux aussi la nostalgie des vidéoclubs. Ces petits commerces plus ou moins bien tenus et garnis de...

le 6 juin 2023

5 j'aime

1

American Cyborg
RENGER
1

Une Série B totalement WTF avec le tout premier "fœtus portatif" de l’Histoire du cinéma ㋡

Le réalisateur de Salsa (1989), Boaz Davidson, réalise ici une Série B qui pompe allègrement quelques productions 80’s & 90’s, dont la plus connue est Terminator (1984). Rappelez-vous, dans un...

le 28 oct. 2020

1 j'aime

2

American Cyborg
Jean-Luc-Godzillard
3

Critique de American Cyborg par Jean-Luc-Godzillard

Bon, un gentil petit navet des familles. Alors, ça lorgne très très fort vers Terminator, Mad Max 2 et le sympathique (mais déjà limite-limite selon votre degré de tolérance au n'importe quoi...

le 6 nov. 2024

Du même critique

Low
Claire-Magenta
10

En direct de RCA

— Si nous sommes réunis aujourd’hui messieurs, c’est pour répondre à une question, non moins cruciale, tout du moins déterminante quant à la crédibilité de notre établissement: comment va -t-on...

le 7 mai 2014

20 j'aime

8

Sextant
Claire-Magenta
9

Critique de Sextant par Claire Magenta

La règle générale voudrait qu'un artiste nouvellement signé sur un label, une major qui plus est, n'enregistre pas en guise de premier disque contractuel son album le plus expérimental. C'est...

le 28 juil. 2014

18 j'aime

Y aura t-il de la neige à Noël ?
Claire-Magenta
8

Critique de Y aura t-il de la neige à Noël ? par Claire Magenta

Prix Louis Delluc 1996, le premier film de Sandrine Veysset, Y'aura t'il de la neige à Noël ?, fit figure d'OFNI lors de sa sortie en décembre de la même année. Produit par Humbert Balsan, ce long...

le 19 déc. 2015

16 j'aime

1