Pour quémander un Oscar, la recette est simple :
1) Prenez un acteur habitué des seconds rôles et donnez-lui enfin la place qu'il mérite sous les spotlights, avec une performance qui lui permet de libérer son "full potential". Le genre de trajectoire édifiante dont raffole l'Académie. L'American Dream en plein : l'outsider qui tutoie les sommets après être trop longtemps resté dans l'ombre.
2) Assurez-vous d'apposer à votre film une dimension "méta", où il s'agira de constamment réfléchir à comment on va raconter une histoire tout en racontant cette histoire (il s'agit ici de littérature, mais même combat). Après tout, c'est à la mode, et il n'est plus question aujourd'hui d'uniquement développer un récit avec sincérité et premier degré.
3) Mais tout de même, assurez-vous de rester un minimum sérieux. Assénez à grand renfort d'insupportables violons des séquences mélodramatiques sorties de nulle part. Pour montrer que quand même, on est pas juste là pour rire et que si l'Académie aime le méta, elle doit aussi pleurer. Vous serez par là-même dans la certitude de contenter tout le monde, alors qu'à y regarder de plus près, impossible de savoir sur quel pied danser devant ce film bâtard.
4) Enfin, le plus crucial est de traiter de problématiques de représentation des minorités au cinéma. Enfin non, pas traiter justement. Donnez-en juste l'impression et noyez le poisson dans une exploitation comique, superficielle et finalement condamnée à l'oubli du concept. Allez c'est vrai que c'est quand même drôle de voir Jeffrey Wright en écrivain qui se pense plus malin que tout le monde, être contraint de singer les pires clichés accolés à sa couleur de peau . Mais ce n'est vraiment juste que ça.