Que se passe-t-il dans la tête de Ridley Scott ? Enfermé dans une sorte de dynamique de l'urgence, le cinéaste ne cesse d'accumuler les projets de grande ampleur avec un sens du bâclage qui laisse pantois. Nouvelle démonstration en est faite avec cet inutile Gladiator 2, raté dans les grandes largeurs et confinant, pour la première fois de la carrière du stakhanoviste anglais, au pur et simple nanar.
C'est bien simple, rien ne fonctionne dans Gladiator 2. A commencer par une intrigue d'une paresse inouïe qui non seulement décalque à outrance celle du premier opus, mais lui adresse des clins-œil d'une bêtise crasse. Scott, dans une démarche dont il est difficile d'évaluer s'il elle est inconsciente ou justement calculée dans une optique je-m'en-foutiste cynique, ne fait aucun effort pour raconter quoi que ce soit de substantiel ou neuf. L'écriture des personnages en pâtit cruellement, tant les motivations et développements de chacun finissent peu à peu par être totalement dépourvus de sens et de logique.
Si l'évident manque de rigueur apporté à son script pouvait au moins laisser espérer une orgie de grand-spectacle, la déception n'en est que plus grande sur ce point. Faisant fi de tout réalisme - ce qui n'est pas en soi une mauvaise chose, encore faut-il que ce soit bien fait - Scott recourt à des effets numériques la plupart du temps odieux, lorgnant plus du côté de Sharknado ou d'une fan fiction de la Planète des Singes que du vrai péplum épique. Non seulement toutes ces scénographies kitsch piquent les yeux, mais elles sont de surcroît expédiées en cinq minutes et bloquent ainsi toute possibilité d'implication émotionnelle.
Ce qui rapproche définitivement Gladiator 2 d'un Gods of Egypt version romaine, c'est sa direction d'acteurs. Scott semble avoir concédé une liberté totale à ses comédiens et donné pour unique consigne d'abandonner toute forme de sérieux. Chaque acteur paraît provenir d'un film ou média différent : Denzel Washington refait son numéro de gangster au sourire carnassier de Training Day, Paul Mescal continue à poser les yeux vides comme en couverture d'un numéro de Playboy et les deux empereurs sadiques sont des caricatures cartoonesques de Geoffrey Baratheon (personnage déjà d'une excessivité notoire dans sa caractérisation...).
Les fous-rires seront au moins assurés devant cet étalage nonsensique de mauvais goût. C'est la moindre des choses, eu égard à une durée de métrage elle-aussi incompréhensible et qui achève de confirmer que Scott prend tout le monde pour des imbéciles.