Le site est en ligne, vous pouvez désormais revenir à vos activités habituelles. On vous remercie pour votre patience et votre soutien !
(Il est encore possible que le site rencontre quelques problèmes de performance)

On peut accuser George Lucas d'être un businessman opportuniste et porté avant tout sur le fric mais certainement pas d'être un imbécile. Il y a toujours eu, que ce soit ici ou avec Star Wars, une sorte de conscience politique dans son oeuvre que les Inrocks mettaient très bien en valeur dans un papier de décembre.


Parce qu'American Graffiti, derrière son emballage de produit nostalgique de ce que furent les sixties, c'est avant tout un rapport constant avec le spectateur d'une transition que connut l'Amérique. Le film, transporté par l'insouciance et la candeur de ces jeunes, ne se déroule pas en 1962 par hasard : 1962, c'est le crépuscule d'une Amérique de fantasmes et de frivolités, l'aube de l'assassinat de JFK et de l'intensification de la violence au Vietnam, soit l'aube de la paranoïa et de la brutalisation d'une société.


L'importance implicite de cette transition, de ce jeu nostalgique que partagent le réalisateur et le spectateur, trouve tout son sens dans le prologue final. J'ai remarqué, en lisant des critiques, que beaucoup de gens trouvent ce prologue inutile. Pourtant, c'est l'essence même du propos de Lucas, c'est ce qui confirme la thèse de son regard sociétal, on a assisté à deux heures de pérégrinations légères et enthousiastes d'une bande soudée et charmante pour finir avec l'annonce brutale et surprenante du destin funeste de la moitié des héros. Le film dit beaucoup de choses avec très peu de procédés, et c'est ce qui fait que ce n'est pas une nostalgie gâteuse de vieux con qui est transmise ici, mais un regard politique pertinent et inquiet.


Mais ne boudons pas non plus la simplicité du plaisir : le film est un teen movie génial, avec une bande-son écrasante, porté par une chouette troupe d'acteurs pleins de vie - où tout le monde s'interpelle dans les voitures et dans la rue - et de vieux bolides. Alors forcément, le résultat est un peu voire beaucoup tape-à-l'oeil, mais le plaisir de l'instant nous rend complices de ce soupçon de racolage.


Et Harrison Ford avait déjà la méga classe.

MrOrange
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Marathon cinématographique 2016 d'une tortue

Créée

le 16 févr. 2016

Critique lue 670 fois

11 j'aime

1 commentaire

MrOrange

Écrit par

Critique lue 670 fois

11
1

D'autres avis sur American Graffiti

American Graffiti
Docteur_Jivago
8

Doo Wop

Big George a de quoi être nostalgique, alors qu'il fait ses premières armes dans le Cinéma, il a vu, en à peine dix ans, le Vietnam, Nixon et les assassinats des Kennedy ou de Luther King gâcher sa...

le 4 févr. 2021

26 j'aime

3

American Graffiti
SimplySmackkk
8

American Spleen

Sorti en 1971 THX 1138, le premier film de George Lucas était un film d’anticipation inquiet. Son film suivant, American Graffiti ne devait être qu’un petit projet, une gourmandise pour rassurer les...

le 8 mai 2020

20 j'aime

11

American Graffiti
Ugly
7

Un teen movie nostalgique

Tourné 2 ans après THX 1138 qui était un film un peu expérimental, American Graffiti est le premier succès de George Lucas à l'aube de sa fabuleuse carrière de producteur ; il n'a pas encore Star...

Par

le 27 mai 2017

19 j'aime

9

Du même critique

Star Wars - Le Réveil de la Force
MrOrange
6

Opéra Nostalgie

La critique sera truffée de spoilers, là ça me semble difficile d'atteindre l'essence du film en faisant abstraction de cela. On ne va pas se mentir, ce septième épisode est un quasi-remake du Nouvel...

le 16 déc. 2015

101 j'aime

9

Rashōmon
MrOrange
5

Rage à moi

Au début du film, le passant dit quelque chose du genre : "Tais-toi, je préfère écouter la pluie plutôt d'écouter tes propos insipides". En fait, je suis d'accord avec lui. Parce que tous les...

le 25 juil. 2014

51 j'aime

19

Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?
MrOrange
3

Critique de Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? par MrOrange

J'en suis le premier étonné, ce n'est pas la grosse bouse attendue, ce n'est même pas foncièrement mauvais. Alors, en effet, c'est très pauvre en terme de mise en scène (même si ce n'est pas atroce...

le 23 avr. 2014

47 j'aime

3