Autant le dire d'emblée : American Honey est un film insupportable. Sur plus de deux heures et demie, la réalisatrice nous montre la même chose, qui peut se résumer en une scène clef - la seule à sauver : la première démonstration de Jake en tant que vendeur (il y a tout dans cette scène, de la jalousie de Star au détachement de Jake, en passant par le contexte social et moral du film). A part cette scène, le spectateur doit subir deux heures et demie d'étalage de "la vision du pauvre pour bobo socialement engagé" qu'a la réalisatrice de l'Amérique profonde en galère. Là où "Moi Daniel Blake" (collègue de distinction à Cannes) évitait cet écueil, American Honey est tombé dedans jusqu'au cou.


C'est un véritable sketch : l'héroïne fouille dans les poubelles, s'occupe des enfants de sa collègue, se fait agresser sexuellement par son mec... Mais de l'autre côté, elle sauve les insectes, achète de la nourriture à une famille de pauvres dont la mère est droguée, possède des "vraies" valeurs.. Bref, l'archétype de l'héroïne pauvre au grand coeur. Vous l'aurez compris, dans la définition des personnages, on est dans le strict minimum. Le peu de nuances insufflées dans les personnages principaux affaiblit grandement son propos.


Mais, il y a tout de même des points très intéressants dans ce film.


Déjà, le format du film est parfait dans sa première moitié, quand il s'agit de décrire des personnages. Je trouve personnellement que le 4/3 est un format magique pour les portraits. C'est comme si ce format carré arrivait instantanément à saisir le fond d'un personnage dés lors qu'il est présenté de face. (pour un film génial où l'humain est au centre de la mise en scène, voir Laurence Anyways de Xavier Dolan).


Ensuite, et c'est peut-être ce que je retiendrai vraiment du film : la musique. Cette dernière est omniprésente, et bien qu'elle peut agacer certains (DONT MOI), on ne peut nier qu'elle est extrêmement bien utilisée. A part pour trois scènes, la totalité de la bande sonore est diégétique (en gros, elle fait partie de l'action, les personnages peuvent l'entendre). Et dans les trois autres cas, elle s'avère quand même partiellement diégétique, même si introduite comme extradiégétique. Tous ces termes un peu barbares illustrent la manière dont Andrea Arnold a évité l'écueil de l'effet-clip. En incluant le son dans le vie quotidienne des personnages, la réalisatrice rythme son film tout en donnant un vrai sens à la musique qui passe. L'idée est assez bonne pour être soulignée.


Malheureusement, ces deux avantages n'effacent en rien l'incapacité du film à se renouveler. Tourner en boucle autour du même sujet pendant aussi longtemps n'est pas justifié dans le cadre d'un sujet aussi peu approfondi. Finalement, la déception est à la hauteur de la durée du film.

Xuxu
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le 17 févr. 2017

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