Une fois n'est pas coutume, une critique découpée en plusieurs parties et un peu moins rédigée que ce que je fais d'habitude (enfin..."d'habitude, il y a très longtemps", vu la date de ma dernière critique :p). ça ressemble plus à de la prise de notes !


Spoils en filigrane sur la première partie, à partir de maintenant :)



L'histoire & les personnages



Ce film m'a un petit peu traumatisé, parce que je ne m'attendais pas vraiment à ça. Je ne m'attendais pas à une histoire aussi dure, et je suis sortie en en réalisant tout le côté amer et cynico-désabusé.


Hormis Star, Jake et Krystal, on voit peu le reste de cette bande de jeunes, en tout cas pas assez pour créer un semblant d'affect individuel (le groupe oui, mais les individus pas trop). Je vais donc m'attarder plutôt sur les trois cités ci-dessus.


Jake & Star sont typiquement des personnages que j'ai dû mal à apprécier et qui m'énervent :



  • Jake, pour son côté enfoiré affectif manipulateur, qui plus est imprévisible.

  • Star, pour son côté "je me prends une baffe et j'y retourne, pas une fois mais dix". En même temps, Star a 18 ans et son but est de se sauver, de partir loin du trou à rat, de la misère et de la violence qui étaient son quotidien. Alors saisir la première occasion pour s'arracher de cette vie, tenter d'attraper la liberté dont elle rêvait tant, ça se comprend. Mais c'est dur de la voir se faire maltraiter et manipuler de façon si passive, encaisser, encaisser sans jamais vraiment rendre. Star m'énerve parce qu'elle m'attriste énormément. Elle se débat pour quitter une vie horrible et rencontre cette bande de jeunes, promesse d'un nouveau départ vers la liberté et le bonheur, mais où elle retombe sur une nouvelle forme de problème. Et en même temps, elle est merveilleuse avec les gens en détresse, comme les enfants dont elle s'occupe au début, ou bien avec la fan de Dark Vador, et très différente dans ces moments-là.


Krystal est un personnage que je trouve fun et qui ajoute un peu d'humour (cynique) au tableau : son personnage en soi n'a rien de rigolo et s'apparente plus à une grosse ordure cynique sous un aspect sympathique. Mais la façon dont elle est montrée, filmée, la rend amusante. Par exemple (un parmi tant d'autres), ils passent leur temps à voyager de ville en ville, sans rester plus de trois jours au même endroit, mais à chaque fois sa chambre d'hôtel est un bordel monstrueux avec des milliers de fringues partout. Son personnage est tout le temps présenté/filmé de façon humoristique, dans ses répliques, sa façon de parler, ses gestes, son environnement.


Finalement, toute cette bande fait de la peine. Au début du voyage, on les envie : sans les connaître, ils ont l'air de bien s'éclater, leur voyage est connoté liberté, pas d'attache mais des ailes, pas de maison mais des rêves. Mais au bout du compte, c'est un prix très élevé pour une fausse liberté, sur fond de gros textes de rap bling-bling scandés à tue-tête mais jamais égalés.


Fin du spoil en filigrane :)



L'esthétique



American Honey propose un très joli travail sur la couleur et les petits détails saisis à travers les mouvements de caméra (la sauterelle sur l'épaule de Star, les oiseaux qui passent dans le ciel quand elle regarde...) qui n'ont pas d'utilité flagrante mais qui mettent un brin de poésie, un peu de consistance aux paysages et aux décors en nous forçant à les observer, et qui nous incitent à faire comme Star : admirer les endroits dans lesquels cette bande de jeune nous emmène, savourer la "liberté" nouvellement acquise, tout en faisant des transitions sympathiques.


A l'inverse, je suis beaucoup moins fan des scènes qui tremblent façon caméra à l'épaule qui, à mon sens, alourdissent la narration (et me donnent envie de vomir, bwaaaaaark).



La bande-son



Certains morceaux sont vraiment chouettes, mais l'ensemble m'a un peu blasé par son côté extrêmement linéaire : du gros rap à grosses basses avec, dans certains cas, des voix dégueulasses. Tout ça pour des textes similaires et sans aucune consistance. Aucun problème durant 5mn, mais trois heures c'est plus difficile à tenir. Cependant, cette musique qui m'a lassé est super cohérente par rapport aux personnages et à l'histoire : elle met en valeur le décalage criant entre les textes des chansons que ces jeunes scandent inlassablement et la réalité de leur vie. Et c'est terrible.



Le rythme



Un peu trop long. Tout se passe bien au début mais, plus le film avance, plus il est dur, et plus il est long et difficilement tenable. On aurait gagné à voir Star s'en prendre un peu moins dans la tête par moment, car la dernière demi-heure a été dure à tenir, espérant que tout ça se termine vite. Et en même temps, il est surprenant de voir un film de ce genre (road-trip entre jeunes paumés sur fond de liberté) aussi posé, et ce rythme très calme tranche avec le côté complètement explosif de leur rythme de vie à eux : les changements incessants de lieux, l'excitation permanente, les soirées, les cris, la soirée du perdant, etc. Comme si le film adoptait volontairement le rythme des longs trajets qu'ils font d'une ville à l'autre pour atténuer, adoucir, l'allure folle et violente de leur vie. Et je trouve ça assez stylé :)



Conclusion



Ce n'est pas un coup de cœur du genre qui broie les tripes et donne des ailes, mais il s'agit d'un bon film qui tranche avec les codes du genre et surprend, très bien réalisé.

Kiichigo
7
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le 2 mars 2017

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