Bloody Mary
Jen et Sylvia Soska, les “twisted tweens”, comme elles aiment à s’appeler, ont réalisé "American Mary" sous le patronage d’Eli Roth – elles lui ont d’ailleurs dédié le film. Mais, au regard du...
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le 4 mars 2013
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Il y a quelques années, je travaillais dans un hôpital. Je vous jure que cela a un rapport avec ce qui va suivre. Nous disions donc : je travaillais dans un hôpital. Je ne sais pas pour les autres établissements, mais dans le mien, il était possible de réserver sa place pour assister à des opérations : cardiologie, neurochirurgie, faites votre choix camarades. Une expérience mémorable, je dois avouer ; j'en aurais presque regretté de ne pas avoir fait médecine. Auparavant, j'avais dévoré les aventures de Black Jack par Osamu Tezuka, et depuis, j'ai découvert un petit sous-genre charmant du cinéma : l'horreur médicale. Alors, le jour où j'ai entendu parler de ce long-métrage, j'ai su qu'il fallait impérativement que je le vois.
Comme son nom l'indique, ce film raconte l'histoire d'une fille nommée Mary. Étudiante en chirurgie, brillante, mais fauchée, elle effectue un premier travail comme chirurgienne clandestine, avant d'être contactée par une adepte des modifications corporelles, qu'aucun praticien régulier n'accepte d'opérer. Désormais, une brillante carrière s'offre à elle.
Avouons-le d'entrée, American Mary brille moins par son exécution que par son propos, rare au cinéma, et traité par deux véritables adeptes des modifications corporelles : les jumelles Soska. D'ailleurs, hormis concernant "Betty Boop" et "Barbie" - lesquelles sont interprétées des actrices professionnelles - toutes les modifications montrées à l'écran sont réelles. Un soucis d'authenticité mettant en avant une communauté méconnue, et qui apporte au métrage une crédibilité nécessaire. Et puis, cela coute moins cher en effets spéciaux.
Pour donner corps à l'ensemble, ainsi qu'un véritable scénario, les jumelles introduisent le personnage de Mary, propulsée icône de la modification corporelle suite à une première expérience concluante, et un "rape & revenge" bien plus malsain que toutes les opérations du film.
Elles mélangent les genres, pour donner une identité propre à leur réalisation ; leur héroïne, froide voire glaciale, évolue conjointement dans le monde des opérations extrêmes, et dans celui des bas-fonds de Vancouver, fait de bars louches et d'individus peu recommandables. Elle-même a tous les attributs de la sociopathe, et à la différence d'un Dexter, elle ne s'en cache pas particulièrement (si ce n'est face à la police), n'hésitant pas à se balader avec ses ustensiles sur elle en cas d'urgence.
De part son propos même, son univers, et son atmosphère, American Mary dégage quelque chose d'absolument unique. A la fois sophistiqué - les clients de Mary paraissent plutôt aisés, et son travail traité comme de l'art - crade, glauque, étrange, mais finalement fascinant. Il s'autorise même une pointe d'humour sur le Dr Mengele, tandis que l'héroïne - désormais affublée du doux surnom de Bloody Mary - s'apprête à s'attaquer à une paire de jumelles monozygotes.
C'est une expérience à vivre au moins une fois.
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le 24 févr. 2015
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