Tous les ans, pendant douze heures, tout crime aussi horrible soit-il, est permis sur le territoire américain. La Purge, c'est un peu comme une fête des voisins géante mais avec des fusils à canon scié, des scies circulaires et des masques sanglants. Une nuit à dormir debout en quelque sorte, si tant est qu'on trouve le sommeil. Par contre, cette nuit, personne n'est immunisé, pas même nos politiques, et personne n'aura envie de dormir...
La trilogie American Nightmare possède cet avantage de disposer d'un concept original, celui de créer un film d'horreur avec ce qui va au plus profond de l'imprévisible et de l'angoisse : le comportement de son prochain. Pour une fois, ce n'est pas un déséquilibré qui bouscule les moeurs d'une société mais plutôt une société qui façonne une flopée de psychopathes. Le gouvernement adopte une politique de terreur qui consiste à faire baisser le taux de criminalité annuel et à faire remonter une économie plongeante grâce à une nuit d'horreur où les citoyens sont justiciers.
Sans mal, l'American Dream se transforme en cauchemar.
La saga, critiquant en priorité une société américaine vacillante à travers une dystopie pas si lointaine, profite d'une double actualité pour ce troisième opus.
Les élections américaines de novembre 2016 sont en ligne de mire bien entendu, avec un engagement politique fort de la part des producteurs. En résumé, le message serait "A bas les conservateurs !". Vous voyez qui est visé ?
Mais plus inattendu pour le studio, la Turquie a mené sa propre Purge avec son armée, son coup d'Etat et sa terreur. Si les medias ont employé le terme de Purge, c'est qu'il y a une raison. Qu'American Nightmare soit impliqué ou non, il bénéficie d'un coup de com' impromptu et morbide.
Cependant, il y a un souci dans tout ça, et de taille : le film n'est pas à la hauteur des attentes. Vu la thématique, vu les enjeux politiques, ce troisième volet ressemble plus à une succession de séquences classiques du film d'action, le tout légèrement saupoudré du pamphlet politique qu'il aurait pu défendre.
Les personnages sont malheureusement trop caricaturaux, des conservateurs un peu trop dingues aux gardes du corps un peu trop racistes. Me direz-vous, ce genre de caractères existe bel et bien et je vous répondrais que vous avez sûrement raison. Mais quand ils sont là juste pour que l'intrigue puisse rebondir et créer des situations inconsidérées, c'est parfois gênant. Mais admettons !
Encore faut-il que ces personnages soient bien joués, et ce n'est globalement pas le cas. La direction d'acteurs n'est pas mauvaise, juste très cheap. Pour au final présenter une série B plus qu'une oeuvre de qualité suprême.
American Nightmare 3 a tout de même l'honnêteté d'aller jusqu'au bout et de conclure sa trilogie.
Il a aussi la prétention de croire au changement, aux personnes qui défendent leurs idées, aux idéalistes comme lui.
Espérons juste que les personnes en qui il croit iront plus loin que lui dans leurs idées. Car le problème d'American Nightmare est peut-être là : il est hésitant.
Etre plus trash ? Créer plus d'émotions ? Faire plus peur ? Prendre encore plus position ?
Le film oscille entre toutes ces questions sans pour autant en dégager une véritable identité.
Et finalement en aurait peut-être pas tellement besoin à l'heure où les têtes tombent.