Relancé grâce au succès des néo-slashers à la Scream, le teen-movie connaîtra son "apogée" à la fin des années 90 avec le triomphe du premier American Pie, véritable film générationnel pour tous les derniers adolescents du siècle. Le film connaîtra trois suites plus une palanqué de spin-offs en DTV.
Quelque part entre le côté potache d'un Porky's et la sensibilité d'un John Hugues, American Pie se veut la radiographie d'une jeunesse américaine à l'aube de l'an 2000, cherchant avant tout à tirer sa crampe histoire de se débarrasser une bonne fois pour toute de la chose et des années bahut. Des personnages plus glands qu'attachants, cependant loin d'être lisses ou irréprochables, même si, une fois n'est pas coutume, le monde du lycée est décrit d'une façon plus ou moins policée.
Car derrière ses gags gentiment scatologiques et son ambition de dépeindre l'adolescence dans tout ce qu'elle a de moins glamour (Supergrave fera largement mieux à ce niveau-là), American Pie reste une comédie bien inoffensive, prônant les sempiternels bons sentiments entre deux délires potaches. La bonne humeur de l'ensemble parvient heureusement à faire passer la pilule le temps de la projection, même si le casting, composé de relatifs inconnus qui connaîtront chacun une carrière plus ou moins éphémère, reste fadasse, hormis la fofolle Alyson Hannigan en total contre-emploi et ce bon vieux Eugène Levy en père relou.
Loin d'avoir la portée et la sympathie d'un Breakfast Club, American Pie restera un attachant souvenir pour ceux et celles ayant grandis à une époque où l'on achetait encore des revues porno pour se pignoler, où les webcams avaient la taille d'un citron et où Tara Reid n'avait pas encore l'apparence d'une camée au crack. Reste qu'une fois devenu adulte, tout ça semble bien con et lointain.